lundi 16 mai 2011

Traces

Traces
Installation d’Amos Gitai
05 février 2011 - 10 avril
Palais de Tokyo


Un sous-sol immense en friche, c’est dans cet espace déjà chargé d’une aura particulière qu’Amos Gitai décide d’immerger son installation vidéographique. Des projections sont faites directement sur les murs dégradés qui les mettent en valeur et donnent aux vidéos une matière, une texture.
Elles s’ancrent ainsi dans le lieu et dans l’histoire de celui-ci, l’endroit même où furent regroupés les biens juifs spoliés lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Mieux, elles semblent être produites par les murs eux-mêmes à la façon de fantômes, témoignages du lieu, traces de l’histoire, seules lumières présentes dans ce gigantesque espace sombre.
Cependant, ces extraits de films ne se contentent pas d’occuper l’espace visuellement, leur proximité forme un vaste espace sonore, mélangeant chants, musiques, langues étrangères… Ce son emplit l’espace, formant une trame changeant sans cesse, suivant nos déplacements.
Nous déambulons donc, dans cette échelle d’espace légèrement en décalage par rapport à nous, décalage par l’échelle spatiale car chaque vidéo nous montre une échelle humaine légèrement ou excessivement agrandie, et un son également amplifié. Un écart également au niveau de l’échelle temporelle car chaque vidéo possède sa propre temporalité, sa propre mémoire, exacerbée par l’histoire même du lieu.

Anna Nguyen


Francois Morellet - Réinstallation

Francois Morellet, Réinstallation.

2 Mars- 4 Juillet 2011
Centre George Pompidou, Paris
Commissaires:
Alfred Pacquement, Serge Lemoine


Cette rétrospective présentant des installations de Morellet de 1963 jusqu’à aujourd’hui nous fait voir la démarche de l’artiste, consistant à associer des formes géométrique simple par des systèmes de constructions prédéfinie, sous la forme de quelque chose s’apparentant au best of. La variété des œuvres permet tout de même de saisir une évolution des questions posées, allant de l’interrogation de la ligne coupée et retrouvé à la forme en elle même, et du travail qui reste pourtant montré de façon esquisser. Il nous est présenté travaux aux néons mais aussi ceux en bois et au fusains, pourtant en restant toujours à la surface des choses. L’exposition de par sa mise en espace qui manque de fluidité et de sa durée trop courte permet seulement d’entrevoir le travail d’installation de Morellet pourtant important dans son œuvre.
Il nous reste l’impression que des travaux ( pourtant de qualité) on été mis ensembles un peu par hasard.

Rodriguez-Sol Nicolas


La route de la soie

La route de la soie / The silk road
20 oct.2010 – 16 jan.2011
Exposé au Tri postal par Nigel Hurst, Martine Aubry
Avenue Willy Brandt
59000 Lille

www.lille3000.eu/laroutedelasoie

Depuis sa création, la Saatchi Gallery oeuvre à désacraliser l’art contemporain. Instalée dans le quartier de Chelsea, elle est ouverte gratuitement au grand public. Un personnage venu de la publicité, passé maître dans l’art de saisir les talents et de se battre pour qu’ils soient connus et reconnus.
Et le Tri Postal, c’est un lieu à part que le public aime. Il s’est imposé comme un véritable centre d’art contemporain qui a accueilli depuis 2004 les plus grands créateurs internationaux. Lille 3000 propose, en étroite collaboration avec la Saatchi Gallery, une sélection unique parmi les oeuvre les plus évocatrices de la jeune création contemporaine. Chinois, Indiens, originaires du Moyen-Orient(Liban, Iran, Irak), ils sont une trentaine, moyenne d’âge 30-40ans, dont on pourrait découvrir le travail refait aux normes muséales. L’idéd est de poser des ‘ambiances’ souligne Didier Fusillier, manière de reprendre cette exposition qui, dès la plus haute antiquité, mettait en contact le monde de la méditerranée avec la Chine.

Au moment d’entrer dans la première salle d’exposition du premier étage, on tombe nez à nez avec une dizaine de vieillards assis dans des fauteuils roulants qui déambulaient dans la pièce. Tout les visiteurs, à la première vue des vieillards, amorçaient soit un mouvement de recul, soit se stoppaient de stupéfaction. On ne pouvait pas bien distinguer la sculpture de l'homme en chair et en os car ils ont été crées de manière ultra réaliste. De plus, les fauteuils roulant étaient électriques et ajoutaient une dimension de mouvement à l'oeuvre.  Même quand je suivais les fauteuils et m'approchais pour observer en détail les vieillards, il m'était difficile de faire la différence. Car leur expression du visage ainsi que les plis de leur peau ont été réalisés avec grand soin.

Sun Yuan & Peng Yu, deux artistes chinois décrivant les anciens grands dirigeants de la planète en détail nous touchent sur plusieurs points. Les corps mourant opposés à l'honneur et la force veulent dire que personne n’empêche le temps de faire son travail.
Les deux artistes voulaient peut être parler d'une nouvelle génération après les vieillards.


Les artistes chinois présentaient des oeuvres audacieuses , ils avaient leurs propres influences et leurs propres tendances . J’avais pressenti qu'elles parviendraient à toucher le niveau international.

LEE Hwan hee

Sun Yuan and Peng Yu, Old Persons Home, 2007, 13 x life size sculptures and 13 x dynamoelectric wheel chairs, Dimensions variable, Courtsey of the Saatchi Gallery, London,
© Sun Yuan and Peng Yu, 2009

Anthony McCall

Anthony McCall , installation  Between You and I  2006
du 3 février au 16 avril 2011
Collège des Bernardins : 20, rue de Poissy 75005 PARIS
http://www.collegedesbernardins.fr

Le cinéma n'est peut-être pas ce qui est projeté sur un écran, n'est peut-être pas un film. C'est un processus, un mode opératoire de l'ordre de l'expérience qui aboutit toujours au même résultat : un cône lumineux traversant qui forme une sculpture immatérielle : lumière. Entre toi et moi il n'y a que cette lumière. Source de vie elle nous jette dans le monde de l'image comme s'il existait, comme s'il était vivre. Voir et vivre par procuration ce qui ne peut être vécu, s'imaginer avoir cette vie.
Le cinéma est système solaire : la lumière jaillit par derrière pour que nous contemplions son action sur le monde. C'est une bible : on y croit sans être dupe. Ce n'est pas le processus qui nous fascine mais toutes les interprétations possibles de son action. On ne peut donner qu'une valeur empirique aux astres, c'est ce que l'on fait du cinéma. Naturellement simple, il n'est que mystifié et humanisé par l'absurdité de notre pensée.
Le cinéma est songeur, comme la vie. Il illustre notre façon de nous emparer de ce qui ne nous appartient pas ; le soleil en tant qu'homme ou bête.
Le cinéma veut nous faire oublier qu'il est cinéma tout comme le monde qu'il est une planète. Je ne sais pas ce qu'est une illusion, je ne peux savoir ce qui existe mais je peux ressentir, au même titre que chacun, par mon corps. J'ai ainsi pu vivre le cinéma et le comprendre physiquement car il est comme tout art une science. Plongé dans un noir total il n'y a que lui pour être vu, tel un soleil sans planète. Nous devenons écrans. Éblouis par cette faible lumière, nous pouvons contempler son action. Matière traversante ou traversée, il n'y pas d'explications : nous sommes là.
On redécouvre la vue parce qu'on y voit rien, et notre esprit parce qu'on ne peut rien y comprendre. Déambuler dans un cinéma où l'on n’a pas de place, regarder le projecteur étant l'écran. Le cinéma c'est ce trajet, plus rapide que nos sens, on le suit bêtement, on cherche son effet en se creusant ou en se laissant aller.
Le cinéma est sans règles bien qu'elles soient toujours respectées. Il n'a pas de durée ni d'espace : nous sommes tous égaux dans nos différences face à lui. C'est ce que les cinéphiles oublient, on ne peut parler que de ce qu'il n'est pas. Il est un raisonnement par l'absurde incessant qui est persuadé d'un sens.
Le cinéma c’est la lumière qui dévoile la poussière de l'air.

Hugo Rincé


André Masson - Un nomade à Paris

André Masson
«Un nomade à Paris»
(de 1921 à 1967)  Au Musée du Montparnasse, Paris.


Errant dans les rues pleines de charmes de Paris.
Le voilà dans une impasse,
Le Musée du Montparnasse.
André Masson y fait une halte, une trêve.
Tel un atelier d’artiste
Le lieu est intimiste.
Décrivant  un Paris sans cesse en mouvement,
Un Paris dégoulinant d’odeurs, de voix et de sang.
Les courbes violentes et viscérales de l’homme
Donne à ses peintures une atmosphère  authentique.
Huile et pastels,
Peinture et collages,
Encre et fusains,
Accompagnés de photographies anonymes montrant notre capitale des années vingt.
Spectateur à la fois intrigué et timide face à l’escale au cœur du vieux Paris
Cette ville que l’on croyait perdue à jamais,
Renaît dans une promenade où tableaux, photos et vidéos se croisent et se répondent.
De la rue Blomet, aux abattoirs de la Villette, en passant par les Halles ou l’Odéon,
Voici, les beaux comme les mauvais jours.
Spectateur baladin, à l’écart du tourisme.
Spectateur adorateur de Paris
Masson disait lui-même s’en « être pris de passion »,
Une passion peu connue mais valant le détour.

Paris sa muse,

Paris son amour.


Eléna Thiébaut

Ruben Brulat

Ruben Brulat
Du 3 mars au 30 avril à la galerie Confluence (13 & 14, quai de Versailles, 44000 Nantes).

J’ai découvert Ruben Brulat par son blog, ce qui m’a rendue un peu sceptique vis à vis de son travail. Cet artiste semblait être un énième globe-trotter racontant son voyage. Où se trouve le côté artistique entre photos « documentaires » et « cartes postales » ?
Le choix des photos de la série Primates m’a fait changer d’avis.

Ici, la présence du corps est aussi importante que celle du paysage. En fait, les deux sont complémentaires : La puissance de l’un n’est visible que grâce à l’insignifiance de l’autre.
Petit, fragile, sans visage ni habits, l’artiste gît à même le sol et nous rappelle la vulnérabilité de l’Homme, lorsqu’il est seul face à la nature.


Ce message peut paraître vide et redondant, comme si l’auteur rajoutait d’autres photos dans la masse d’images bien léchées à visée écologique (Yann Arthus Bertrand, Nicolas Hulot …).
Mais ce qui transparaît le plus dans ces images, c’est la solitude.
En effet, Ruben Brulat est encore seul et nu dans  Immaculate . On le voit recroquevillé, sur ce genre d’îlot de lumière que les villes laissent à minuit passé. L’éclairage public se transforme alors en projecteur, l’auteur est sous les feux de la rampe.
Pourtant, pas de paillettes dans cette série, pas de mondanités. Au contraire, la ville que dépeint Brulat est extraordinairement grise et vide.

J’ai de l’affection pour le travail de cet artiste : Il y a du Sempé dans ses clichés. Sur les images de ces deux auteurs, l’Homme n’est qu’une peccadille dans l’architecture. C’est pourtant lui qui a le plus grand rôle : Celui de nous interroger sur notre condition.  Ce que Sempé a fait par l’humour, Brulat le fait par le mystère.

Marianne Le Duc

© Ruben Brulat

Photosculpture

Photosculpture
« La Photographie de la Sculpture de 1839 à aujourd’hui »
Kunsthaus Zurich (Suisse)
25 février – 25 mai 2011
www.kunsthaus.ch



Agressante pour certaine
Blanc et Noir
Création d’une sculpture grâce à la photographie
Diversité
Enrichissant
Figure
Grand espace
Horizon
Imitation
Jeux de couche
Kyrielle
L’envie d’en voir plus
Mouvement
Nouveau
Obscure
Prise de vue poétique
Questionnements
Révélation
Stupéfiante sensation
Technique
Univers variés
Voyage dans le temps
Xérographie
Yeux vairons
Zircon
 
Artistes : Eugène Atget, Hans Bellmer, Herbert Bayer, Constantin Brancusi, Brassaï, Manuel Alvarez Bravo, Claude Cahun, Marcel Duchamp, Peter Fischli et David Weiss, Robert Frank, David Goldblatt, Hannah Höch, André Kertész, Man Ray, Bruce Nauman, Gillian Wearing, Hannah Wilke, Iwao Yamawaki et beaucoup d'autres.

 "Outlaws" Peter Fischli & David Weiss


Le monochrome sous tension

Le monochrome sous tension

14 janvier au 5 mars 2011
16, avenue Matignon, 75008 Paris
http://www.tornabuoniart.fr/exposition.php



Une immersion dans le monochrome, c’est ce que nous offre la galerie italienne Tornabuoni Art. Vaste sujet de réflexion qui génère une grande impulsion créative dans les années 1960. Des œuvres des grands maîtres y sont exposées : Manzoni, Fontana, Castellani… Si aujourd’hui, près d’un demi-siècle plus tard, la question du monochrome semble moins préoccuper les artistes contemporains que leurs pères, elle est néanmoins présente. Elle est représentée ici par Anselm Reyle, Laurent Grasso, François Morellet pour n’en citer que trois.
Monochrome. Tout de suite on pense à une toile lisse d’une seule couleur uniforme; mais cette évocation est bien réductrice de cet art. D’ailleurs, la galerie n’expose aucune œuvre de cette forme. Bien au contraire, chaque espace de présentation ou de représentation a subi une intervention physique, parfois brutale, de la part de l’artiste : pliage de la toile par Manzoni et Parrino, déchirure pour Fontana, … enfin de compte nous sommes très loin des toiles lisses auxquelles nous pensions au départ. Cette fois les œuvres deviennent dynamiques ; elles perturbent l’espace et créent de nouveaux volumes. La grande lentille concave d’Anish Kapoor aspire le spectateur et l’invite à regarder une vue, où les perspectives sont déformées, qui n’est autre que là où il se tient.

Commissaire d'exposition : Matthieu Poirier
Artistes exposés : Lucio Fontana / Enrico Castellani / Piero Manzoni / Gianni Colombo / Piero Dorazio / Dadamaino / François Morellet / Luis Tomasello / Agostino Buonalumi / Steven Parrino / Anish Kapoor / Laurent Grasso / Anselm Reyle / Morgane Tschiember


Plantive-Triger Blanche



Anish Kapoor, Sans titre, 2008


jeudi 7 avril 2011

FRESH HELL

FRESH HELL, Carte Blanche à Adam McEwen
Palais de Tokyo Paris
Du 19 octobre 2010 au 15 janvier 2011

 Adam Mc Ewen invité par le Palais de Tokyo, y jouait le rôle du commissaire d’exposition. C’était la première fois que je voyais un artiste organiser un florilège d’œuvres d’autres créateurs.
Une fois entrée dans la première salle, me font face trois statues médiévales, bustes prêtés par le Musée de Cluny, et un mur de polystyrène recouvert d’aluminium !  Etrange mélange ! Je comprends alors qu’il ne s’agit pas d’un accrochage chronologique, mais que peut être Mc Ewen essaie de créer des ponts entre des œuvres à priori diamétralement opposées. Ici, on trouve également la photographie des sœurs Liden (ci dessus), choisie pour l’affiche de l’exposition. C’est un grand format aux couleurs attractives, qui met en scène les deux jeunes femmes grimées en bricoleuses devant un tractopelle, sur un chantier. Elles regardent droit dans l’objectif, l’air de dire au visiteur : « Nous sommes prêtes à œuvrer, à construire »
Le mur réfléchissant de Rudolf Stingel est déjà bien altéré des diverses interventions de visiteurs, qu’il invite à intervenir sur son support. L’objet a pris une tournure urbaine et collective.
La deuxième salle est exclusivement occupée par l’œuvre monumentale de Michael Landy, Marquet. Il s’agit d’étals recouverts de gazon vert en plastique, à la surface desquels n’était disposé aucun objet. L’absence de la marchandise et de l’humain est d’autant plus palpable qu’une vidéo nous montre le contraire : un commerçant barre le passage en emplissant un trottoir de cageots. Le spectateur déambule parmi les étalages fantôme d’un marché à la dérive
C’est donc en promeneur que nous pénétrons dans la troisième salle, celle où justement la figure humaine revient dans toute son incarnation. Cette section présente des travaux d’artistes sous le signe de l’exercice et de la recherche. Tandis que Ana Mandieta présente une vidéo dans laquelle elle mène une danse aussi bien sensuelle que macabre avec un squelette dans l’herbe, Gino de Dominicis s’entraîne à voler, Bas Jan Ader se met en position de proie dans son propre piège, Sarah Lucas fume sa cigarette avec un air songeur et Bruce Naumann court après un but mystérieux. On remarque également le cliché d’une maison fantomatique perdue au milieu d’eaux calmes, réalisé par Curt Goiris. Un coffre fort forcé, mis en place par Maurizio Cattelan, expose le vestige d’un pillage, d’une recherche frénétique.
Dans cette salle, j’ai vu l’implication du corps de l’artiste, parfois dangereuse, souvent expérimentale, et parfois conflictuelle (le terrible manque d’inspiration, l’angoisse liée à la création)
Et le jeu du corps et de l’esprit continue de plus belle dans la quatrième section : on entre par le labyrinthe suspendu de Georg Hérold, constitué de lattes de bois.
Il nous mène vers l’agrandissement du portrait noir et blanc d’un jeune homme, qui s’avèrera être Kafka. On découvre ici un autre visage de cet écrivain, authentique et déroutant, du simple fait de sa représentation pour le moins originale et intimiste, et de son impact dans l’imaginaire collectif .
La création sous psychotropes est traitée entre autre dans la section suivante avec les dessins d’Henry Michaux, effectués sous mescaline, ou même Dan Graham qui expose un tableau des psychotropes les plus consommés aux USA, et leurs effets secondaires. Avec une objectivité effrayante, il interroge les dangers d’une telle médication et la frontière entre drogues et médicaments.
L’ultime section de l’exposition offre une place importante à l’art conceptuel, à la question de la transcendance dans la création, auquel M. Cattelan fait un clin d’œil formel.

Ce qui m’a plu concernant cette exposition, c’est la façon qu’a Mc Ewen de décortiquer et de mettre en scène l’acte de création, et ce en mettant en corrélation des œuvres très différentes, d’époques parfois extrêmement éloignées. Du commencement à l’aboutissement d’un projet, les angoisses et autres affres liés à la recherche artistique, le mode de vie de l’artiste et la quête sémantique qui le guide, concernant ses œuvres comme sa propre existence.

Cécile Serres


mardi 29 mars 2011

TRANSFER 2008 > 2010

TRANSFER 2008 > 2010
Du 21 janvier au 6 mars 2011
Musée des Beaux-arts de Nantes

Partir, là bas, ici, ailleurs, prendre un nouveau départ. Se transformer, s'adapter comme on mue. TRANSFER, c'est d'abord l'histoire d'un voyage : celui de quatorze artistes, qui, dans le cadre d'un partenariat entre six musées ou lieux d'exposition français et allemands*, s'en vont à la découverte d'une ville ou d'un pays voisin, à la fois reconnu et inconnu. C'est de l'adaptation, de la confrontation culturelle mais aussi sociale qui résulte du voyage, dont viennent témoigner trois des acteurs de ce projet, en dialogue avec cinq autres artistes "invités". Entre jeux de hasard dramatiques (Ivan BAZAC), portraits rendus muets par leur renversement (Antoine PETITPREZ), chutes mimées (Freya HATTENBERGER), plans volontairement obscurs (Cécile DESVIGNES) et reflets trompeurs (Roseline RANOCH), les artistes nous font ressentir avec force la détresse liée à la perte de tout repère géographique, culturel, social. A l'entrée de l'exposition, un minuscule "camion-poubelle " (Régis PERRAY) semble peiner à tirer derrière lui un immense sac de déchets, comme l'on croulerait sous le poids de son passé, d'une identité culturelle forte qui aurait du mal à trouver sa place dans un quotidien où tout a été reconstruit. Plus loin, une montagne de collants mêlés à été couverte, d'un même bloc, de rayures multicolores (Elsa TOMKOWIAK). Tentative d'élimination de la matérialité au profit du pigment, l'artiste semble essayer vainement de camoufler la masse, sans jamais parvenir à en saisir autre chose que la surface, pour faire oublier l'objet "collant", pour y détruire les individualités.

Un journal intitulé "Transfer", retranscrivant en détail l'intégralité du projet d'échange à l'origine de l'exposition et les travaux artistiques qui en ont découlé, est vendu à l'entrée de la librairie du musée.

Laure MASSON
* Le Musée des Beaux Arts de Nantes, le MUBA de Tourcoing, le FRAC de Dijon (France) ; le Kunstmuseum Mülheim an der Ruhr, le Museum Ostwall de Dortmünd, et le Städtisches Museum Abteiberg de Mönchengladbach (Allemagne).



Indian Highway IV


Affiche de l’exposition, Dayanita Singh,
Seema shetty's kitchen view”, chembour, 2008





























« Indian Highway IV »
Musée d’Art Contemporain de Lyon
Exposition du 24 février au 31 juillet 2011
du mercredi au dimanche de 12h à 19h

Commissaires : Julia Peyton-Jones, Hans-Ulrich Obrist, Gunnar B. Kvaran, Thierry Raspail.

MAC de Lyon, Cité Internationale
81 quai Charles De Gaulle
69006 Lyon



 [Je m’en vais vers une nouvelle contrée à caractère indéterminé] [Une destination inconnue où l’avenir est artistique. Où le passé reste ce qu’il est.] [Je sors de l’ascenseur et j’entre… une exposition nomade dans un White cube au parquet ciré. Welcome to Indian Highway.] [Tableaux Micros Vidéo Os. Sables Cire Acier] [Maquettes Sculptures Installations Microorganismes. Couleurs Saturation Noir et Blanc. Courbes Lignes Axes. Masse Cassure Bloc Concentration]      [Mondialisation Mutation Position. Sectarisme Totalitarisme Pessimisme. Liberté Sécurité Pensée] [Mouvement Foisonnement Engagement.] [Couple Singularité Virtuelle Irréelle Incident Violence Instinct Sensorielle Moderne Sourd Nuage Noir Enveloppé Densité Saturation Ouïe Odeur Distance Possibilité Accroissement Indépendant Alvéole]

[Impact] [Flux] [Communauté]


 
[Je m’arrête. Le cartel me signale « Growing, Hemali Bhuta, 2009/2011 ». Installation de bâtonnets d’encens, suspendus par des fils de néons. Entre être et devenir, impérissable et éphémère, processus de construction et perfection de la création. Une œuvre pleine de contradiction ? J’aurais voulu l’explorer mais l’espace est saturé. J’aurais aimé rester mais l’odeur est entêtante. Si j’avais pu voir au travers… mais la densité est trop importante.]

[Répulsion fascinée] [Panorama détaillé] [Enfermement libéré]

Violette Poinclou
















































































Hemali Bhuta « Growing » 2009/2011 
Encens et fils de nylon, 300x200x300cm

Ruben Brulat

La galerie Confluence
Ruben Brulat
Primates
03.03.2011 au 30.04.2011


Les photographies sont tirées en grand format. Le sujet est systématiquement placé au centre. Les paysages exotiques accueillent un corps nu. On obtient les jolies images, faciles d'accès, ne supposant aucun effort de la part de spectateurs. C'est le genre de production destinée à une consommation hâtive. Il n'y a qu'un enjeu formel de décoration d'intérieur : faire une image agréable à la rétine. Ruben Brulat emprunte l'esthétique du fond d'écran dont Internet regorge. Par le biais du communiqué de presse on tente de donner un air d'intelligibilité à cette production plastique, en utilisant le procédé de valorisation. Autrement dit quand une chose ne dégage pas une qualité en soi par une interprétation qui passe par une mise au langage de l'expérience de cette chose, on peut par le moyen de langage essayer de la faire correspondre à une chose qui a déjà été reconnue comme ayant de la valeur.
Le titre Primates évoque primitivisme ce qui ne correspond pas à mon sens aux photographies dans lesquelles on voit un individu qui s’abandonne dans des milieux hostiles, ce qui contredit totalement le désir de survie primaire d'un être vivant primitif.
Je n'arrive pas à voir non plus en quoi il s'agirait d'une performance, voir même comme propose le communiqué de presse « plus qu'une performance » car la dernière inscrit un acte dans la durée et lui donne une qualité intrinsèque, on peut aussi ajouter que l'art corporel qui fait partie du contexte des années 70 et qui participe à la dématérialisation de l'œuvre s'oppose à la manière classique dont les photographies sont présentées dans la galerie, ce qui balaye toute possibilité d'une ou des performances.
On voit revenir plusieurs fois dans le texte la relation entre corps nu et le paysage, voyons quelles sont ces propositions:
1. « Les être humains font partie de la nature » affirme l'artiste.
2. « Il cherche la symbiose entre le corps humain et son environnement. »
3. «Il met en scène (...) son corps nu (...) parmi les éléments naturels au point de se fondre en eux. »
4. « Il recherche l'harmonie entre l'Etre et la Nature. »
5. « Il oppose immensément grand (Paysage) à l'infiniment petit (Homme). »
La première proposition trouve vite ses limites, regardons dans un dictionnaire la définition du substantif Nature. D'abord  dans TLFi :
« NATURE, subst. fém.

I. Ensemble de la réalité matérielle considérée comme indépendante de l'activité et de l'histoire humaines.
 (...)
II. Nature humaine ou absol. nature (p.oppos. à civilisation, culture)
 (...)
III. [La nature d'une chose, d'un être]
 (...)  »
Regardons également dans Vocabulaire technique et critique de la philosophie de André Lalande :
« NATURE, G. ; L. Natura ; D. Natur ; E. Nature ; I. Natura.
I. Nature d'un être
 (...)
II. La Nature, en général
 (...)
Critique
Les deux grandes divisions que nous avons adoptées sont indiquées par Descartes, Méditations, VI, 10 ; et par Kant, Critique de la raison pure.
Nous croyons (...) qu'il y aurait grand avantage à réduire autant que possible l'usage de ce mot. (...) On peut, dans bien des cas, le remplacer utilement par des termes moins vagues. (...) Ces sens donnent une valeur précise à l'opposition de l'Homme et de la Nature, de l'Art et de la Nature, sur laquelle on continuera sans doute à faire des jeux de mots philosophiques, mais dont il ne semple pas qu'on puisse se passer. »
Les trois propositions suivantes ne sont que de la paraphrase d'une seule idée
Pour commencer définissons le substantif Symbiose, utilisons à nouveau TLFi :
« SYMBIOSE, subst. Fém.

A.  BIOL. Association durable entre deux ou plusieurs organismes et profitable à chacun d'eux.
 (...)
B.  Au fig.
1. Fusion, union de plusieurs choses; association étroite et harmonieuse entre des personnes ou des groupes de personnes.
 (...)  »
Il me paraît évident que le lieu d'intervention auquel Ruben Brulat accède afin de prendre les clichés ne tire pas de profit du photographe, tandis qu'on peut affirmer la situation inverse. De ce fait on devra prendre le sens B. de la définition de Symbiose. Ce qui montre que ces propositions ne sont que de la paraphrase d'une seule idée.
La cinquième proposition nous laisse perplexes, est ce qu'on entend ici la grandeur physique ou bien d'autres choses ?
Et enfin la phrase « la fusion avec la nature [n'est pas] possible sans combat » qui vient contredire tout le propos tenu jusqu'au présent. Sauf si on fait l'extension du domaine biologique à la psychologie pour constater que ce rapport est pervers car il mélangera alors à la fois collaboration et opposition.
Il y a d'autres pistes de développement de la critique du discours cliché tenu par les galeristes et certains artistes tels que « approche [de l'artiste] est intime, universel et suggestive et fascine par sa complexité et son mystère. »


Victor Prokhorov


R^V #2

R^V #2

Atelier Alain Lebras, 10 rue Malherbe, 44000 Nantes
Du 2 Mars au13 Mars
Laure Chatrefou, Adrienne Sabrier, Pierre-Yves Hélou.
         
   Rêvolution
Un mot proposé à un collectif de jeunes artistes,
rêvolution
il n'est pas ici question de la révolte ou de révolution au sens politique et social du terme.
Mythes
Utopies
Fantasme
Rêverie

Commençons par le commencement,

"J'ai avorté à 27 ans."

A peine le pas de la porte franchi, mon attention est happée par la vidéo à l'entrée.
La phrase me marque. J'aperçois la télé. Seul face à une chaise. Je m'assieds.

"Je mange,
je n'arrête pas de manger,
si j'étais un homme, je m'appellerais Gérard…"

On voit une femme se dandiner, sûrement l'artiste. La vidéo est clownesque, pourtant elle a un caractère grave, dérangeant, nous interpellant.

"J'ai avorté à 27 ans."

La première phrase résonne, on voit l'artiste, une poire dans la bouche, le tuyau autour du cou. Elle s'étrangle.
Sans doute une poire à avortement, du moins j'interprète.

"Je suce la décadence"

On est emmené ailleurs, on s'interroge,
sonné par ce registre étrange entre le burlesque et le dramatique,
Beethoven résonne,
visage repassé,
la femme se repasse maintenant le visage,
elle a un rouge à lèvres vif
re-montage, repassage
elle se repasse les seins
allongée

Le repassage, la femme repasse,
la femme repasse dandinant ses fesses
elle se repasse la face,
face à face avec nous, spectateur-voyeur
se repassant la face devant la glace comme le maquillage
pourquoi se maquiller quand on peut se repasser.

"J'ai aimé trois, quatre, non…cinq hommes dans ma vie, enfin…je ne sais plus…"

Mes yeux se décrochent alors de cette vidéo, un peu perdus, déboussolé, mon regard vacille, cherche, scrute,
une table cimetière, une série de dessins, fragiles, minutieux, dessins oniriques…
Mon œil se pose. Je m'arrête. Là, au fond de la salle, un masque en céramique, un masque de lapin.
Derrière le masque se trouvent trois photos, le masque retourné, les portraits d'un homme de face et de profil l'entourent.
J'apprends que l'intérieur du masque est l'empreinte du visage de l'homme.
Un masque recto-verso,
une face animal, une face portrait
L'homme à la trentaine, voire la quarantaine,
les photos sont identitaires,
elles se disent neutres,
l'homme a un visage singulier,
un visage froid, qui a vécu
un visage assez maigre, peut-être est-il malade.
Je l'imagine portant le masque,
Pourquoi le lapin?
La question m'obsède,
Un Don Juan?
Non, pas assez séduisant.
Un lapin…
Un mac? Un proxénète à tête de lapin?
Il baise, le proxénète? Il teste la marchandise?
Baiser comme un lapin,
Quelle est cette chimère?
L'homme à la tête de lapin.
Je fixe du regard le masque, il me sourit,
vous savez, ce petit sourire moqueur en coin.
Peut-être un athlète, discipline 100 mètres haie,
non, non, trop maigre, trop maladif.
un violeur,
un cuisinier,
un coursier,
un facteur,
un cambrioleur,
ça y est, il braque des banques avec le masque de lapin,
on le surnomme l'homme-lapin,
mais pourquoi le lapin…
…parce qu'il court vite.
pourquoi pas.


Enfin, je discute avec l'artiste, j'apprends que mon homme-lapin est musicien,
qu'il existe six autres masques, qu'ils faisaient tous partie d'un spectacle.
L'homme est guitariste.
Pourquoi le lapin?
Simplement parce que sa façon de jouer, sa musique, ressemble à la course d'un lapin.
J'aurais préféré ne pas savoir.
Weiler Justin  


Hervé Guibert

Hervé Guibert, photographe

Maison Européenne de la Photographie
9 février - 10 avril 2011
Commissaires d’exposition : Agathe Gaillard, Christine Guibert
http://www.mep-fr.org/

L'écrivain Hervé Guibert n'a cessé de prendre des photographies; de sa jeunesse, jusqu'à sa mort prématurée causée par le Sida. La photographie l'a peut être accompagné comme une ombre accompagne un corps.

Une collection de près de 230 photographies sont exposées; présentées dans l'ordre chronologique, l'œuvre apparaît comme une constellation; aucune direction définie, sinon celle du temps. La diversité des images prises témoigne de son activité d'écrivain, de ses rencontres, de ses périples, d'une certaine solitude.
Parmi les portraits d'amis ou d'amants, Hervé Guibert arrive parfois à saisir un instant de grâce fragile – la série sur ses deux tantes tient de la fascination; - d'autres photographies sont pleines de promesses, mais gardent l'aspect borgne et vague de la première tentative...
L'à peu près – le défaut agaçant de certains clichés exposés.
Peut être que la mauvaise qualité des tirages récents y est pour quelque chose ?

Hervé Guibert, à l'aide de l'image photographique, touche du bout des doigts; une étreinte suit; on l'a trouvera dans son œuvre écrite. Il se disperse, cherche et se cherche: l'autoportrait revient, toujours, où il s'observe - et s'offre obligatoirement, plein de pudeur; son regard songeur et perçant y est toujours présent... un peu hanté.
Ses plus belles photos sont possédées par une lumière diaphane dont il a le secret; qu'elle irradie la scène prise par sa présence, qu'elle soit discrète, dissimulée derrière un voile – elle vient invariablement faner l'aspect physique de ses sujets; afin de mieux les faire resplendir... sous la forme d'apparition, ou de spectres en chair – en pleine jeunesse.

Félix Rodriguez-Sol


Ruben Brulat

_ J'pense que la première j'étais trop…trop excité par le truc. J'ai oublié d'appuyer. Après, la deuxième fois je suis allé dans l'eau, et là… j'regardais mes bras, j'les voyais plus, enfin je les sentais plus. C'était vraiment assez magique ! Et … et quand j'ai voulu me relever, j'étais complètement tétanisé au niveau des muscles tout ça. Donc c'était limite. On va dire. C'était limite.
_ C'est toujours tout seul que vous faîtes les photos ? 
_ Ouais
_ C'est le soir, y'a pas de lumière en fait. Y'a juste la, la, le…crépuscule et donc… toutes les photos sont faites au moment où y a cette lumière un peu bleue. Voilà, quand y'a plus le soleil mais quand y'a encore de la luminosité. Bah comme maintenant.
_ C'est vraiment "Into the wild", comme le film. Il est très très beau ce film. C'est un film absolument… Moi j'ai pensé à ça dès que j'les ai vues ces photos. J'ai pensé à ce film.(…) Ah il faut voir ce film. C'est un film sur d'autres valeurs de voir la vie et l'environnement et le rapport aux autres aussi.
_ Les couleurs sont magnifiques hein.
_ Le corps nu, comme ça… plongé au milieu de la ville… à  l'intérieur de la femme… c'est très sexuel ça. Avec des courbes très…
_ Quelque chose  de très… de très soumis.
_ C'est la caricature de l'homme moderne, dans la ville. Il est tout seul…


_ Ca ressemble vraiment au décor des glaciers… tu sais les glaciers des Alpes. Je pense que le mec est pas… vraiment dans les glaciers. Il est rajouté hein ?
_ Nan je pense que c'est peut être aussi une façon de créer un décalage ou une… un questionnement pour le regardeur.
_ C'est très curieux comme truc hein…
_ C'est surprenant (…), la photo est forcément trafiquée parce que…
_ Nan mais le personnage…il ne peut pas être aussi petit par rapport au reste, à l'ensemble de la photo. Moi pour moi c'est un personnage qui a été rajouté dessus. Parce que moi je les trafique mes photos, je rajoute des personnages sur mes photos. C'est super facile à faire ! Et j'lui ai demandé hein.. et il nous a dit que non.
_ Le rapport entre ce plan là et ce plan là m'interpelle moi. Parce que je me dis que c'est pas possible qu'on aie autant de détails de ce plan qui n'est quand même pas loin du personnage (…), j'me dis que c'est pas possible. Et dans toutes les photos c'est pareil.
_ C'est un grand mytho, elles sont retouchées à balle ses photos. Il dit qu'il fait juste les petites retouches classiques, mais ce qu'il entend par petites retouches classiques, c'est refaire…
_ Nan mais, en gros, ce qu'il voulait c'est qu'il agrandissait pas son corps ou qu'il le rétrécissait pas...
_ Ouais ouais ouais, nan mais il a dit… elles sont vraiment prises telles quelles j'ai juste fait quelques retouches de bases.
_ Il peut retoucher le contraste…
_ Ouais mais pas à deux cents pour cent !

_ Si y'avait pas le personnage… je trouve qu'il y a des grandes… masses neutres.
_ Moi j'adhère dans le sens où c'est toute une expo. Si j'voyais un seul tableau ça me laisserait indifférente mais de voir la série, là je trouve que c'est riche parce que c'est des situations complètement différentes et il a réussi à fabriquer une série avec un sujet.
_ Ca dénote quand même chez lui… si j'voulais l'analyser sur un plan purement psychologique ou autre, une certaine solitude chez cet individu, chez le photographe. Il est un petit peu paumé dans notre monde actuel, dans notre environnement actuel. Moi c'est ce que je ressens.
_ Moi j'adore les ciels, lui, il les élimine, alors… nulle part. Curieux hein… Il s'intéresse à la matière ou… disons là, le… je cherche le mot… le… minéral quoi. Le minéral et le végétal, y'a une opposition entre les deux là.
_ L'amour de la nature on le ressent.
_ Il faut le personnage. Sans le personnage, ça n'a guère d'intérêt… pour moi hein.
_ Le personnage noyé dans l'immensité. Voila. Une immensité un peu triste… oui c'est triste. Y'a une grande tristesse. Toute l'expo est triste. Parce que là, c'est pratiquement du monochrome hein.

_ Le cake est pas mal.



Jeudi 10 mars 2011, Vernissage de l'exposition Ruben Brulat. Galerie Confluence, Nantes.


Clément Vinette.






Chiharu Shiota

Chiharu Shiota "Home of memory"
du 12 février au 15 mai 2011 à la maison rouge.

douce suffocation, première impression,
présence fantomatique,
une araignée a tissé sa toile,
le temps passe,
un parcours onirique inquiétant.

L' installation "After the dream", nous propose un véritable voyage,
le sentiment de se frayer un passage entre ces grands fils tendus,
retenant des robes blanches démesurées,
nous place en explorateurs indiscrets de souvenirs intimes ;
mais face à cette emphase nous sommes des acteurs vulnérables,
prêts à être emmaillotés comme les vêtements que nous contournons.
Le temps est présence, nous sommes entre déplacement et cristallisation,
les chimères que nous admirons sont celles de l'artiste et les nôtres,
tensions, nœuds, accroches, enveloppes, sont à prendre au sens propre comme au figuré.
Une expérience qui ne laisse pas indemne.

Sidonie Langagne.





lundi 21 mars 2011

Pierre Mabille

Pierre Mabille, Antidictionnaire, etc
Musée de la Roche-sur-Yon
Exposition du 5 février au 19 mars 2011,
organisée dans le cadre de la résidence de Pierre Mabille
à l’Ecole d’art de La Roche-sur-Yon.




Entrée
Accueil

Gauche salle des peintures

Droite salle des dessins

Gauche éclats de couleurs
Gauche fragmentation de formes
Gauche superposition de formes
Gauche forme travaillée, exploitée
Gauche rapport de couleur
Gauche traumatisme pour notre pupille, agression visuelle
Gauche saturation par la couleur
Gauche Nymphéa de Monet
Gauche couleurs psychédéliques
Gauche Op art ?
Gauche liberté de composition et de rapports colorés avec une forme
Gauche : prétexte pour utiliser la couleur
Gauche, deux vidéos.

Droite, exploration d’une forme
Droite mots sur forme
Droite histoire de/avec cette forme. « Les récits »
Droite forme passée sous soleil
Droite utilisation de procédés techniques actuels
Droite composition de formes trouvées
Droites formes sources d’analogies
Droite apport documentaire par l’entourage de l’artiste
Droite travail récent
Droite sans titres
Droite assujettissement à cette forme
Droite hypnotisé par cette forme

Sortie

Forme toujours inscrite en nous, vision en dehors de l’exposition, elle nous suit.
Elle est dans les arbres, entre nos mains…
Em-barque-és
nous sommes ?




Armelle Plaquet

 

dimanche 13 mars 2011

Echoes

Echoes
Centre Culturel Suisse de Paris
Commissaires d'exposition : Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser
Du 28/01/11 au 10/04/11

Echoes, Je découvre par hasard qu'une légende du rock raconte que la chanson
Echoes des Pink Floyd sortie en 1971 se synchronise parfaitement avec le
dernier segment intitulé "Jupiter and Beyond the Infinite" du film de
Stanley Kubrick 2001, l'odyssée de l'espace (1968).
Vérification faite c'est très surprenant comme de la magie. Jugez par vous-même
ici même: http://www.youtube.com/watch?v=f88NZ1sxWX0 et laissez-vous
transporter dès la cinquième minute, c'est fantasiaque.
Cette chanson en écho au cinéma, art visuel, donne la tonalité et le titre
de cette exposition d'art visuel en écho à la musique. C'est un beau titre bien
tranchant.

L'exposition rassemble des œuvres non-sonores d'artistes contemporains qui
se réfèrent au monde de la musique. Et loin de se restreindre à une
analogie picturale entre forme musicale et forme plastique, les différentes
approches engagées ici nous invitent à penser – autrement ? - l'univers de la
musique soit comme un grand réservoir de formes.
Plusieurs approches se conjuguent à travers le parcours.
Certains artistes se sont intéressés à la gestuelle des musiciens comme
Jean-Luc Verna qui se met en scène à travers des Polaroïds dans des
postures qui renvoient à la fois à l'histoire de l'art et aux poses des
rockstars dans les concerts ou Anne-Julie Raccourcier qui montre une vidéo
de Air guitaristes reprenant le look et la gestuelle de leur guitare-heroes préférés.
Certains revisitent l'instrument de musique, comme par exemple
Constantin Luser qui transforme des cuivres en sculptures musicalement
absurdes ou, Vincent Carron qui crée des guitares cubiques cubistes.
Autant de son à imaginer (car on ne peut pas toucher, non non).
Pour d'autres le matériel de sonorisation devient une image (Philippe Gronon),
une sculpture silencieusement et insupportablement bruyante (Dominique Blais)
ou unemicro-architecture (Saâdane Afif). Enfin, beaucoup se sont intéressé aux
signes d'identification, aux sigles, aux logos, à la typographie et aux supports
musicaux comme Jeremy Deller, Christian Marclay (qui au passage
est une figure essentielle des plasticiens-musiciens), Matt Stokes ou Philippe
Decrauzat.

Et vous trouverez encore bien d'autres ensembles de formes musicales
corpusculaires.

Artistes exposés:
Abetz & Drescher, Saâdane Afif, John Armleder, Francis Baudevin, Thomas
Bayrle, Dominique Blais, Alighiero Boetti, Valentin Carron, Philippe
Decrauzat, Jeremy Deller, Dewar & Gicquel, Andreas Dobler, Isa Genzken,
Philippe Gronon, Vincent Kohler, Rainier Lericolais, Constantin Luser,
Jorge Macchi, Arnaud Maguet, Christian Marclay, Dawn Mellor, Dave Muller,
Christian Pahud, Sandrine Pelletier, Frédéric Post, Anne-Julie Raccoursier,
Hugues Reip, Robin Rhode, Dario Robleto, Allen Ruppersberg, Michael
Sailstorfer, Hannes Schmid, Jim Shaw, Matt Stokes, Su-Mei Tse, Pierre Vadi,
Jean-Luc Verna.

On regrette toutefois l'absence de Véronique Sanson dans cette exposition.


Lucas Seguy