lundi 16 mai 2011

Traces

Traces
Installation d’Amos Gitai
05 février 2011 - 10 avril
Palais de Tokyo


Un sous-sol immense en friche, c’est dans cet espace déjà chargé d’une aura particulière qu’Amos Gitai décide d’immerger son installation vidéographique. Des projections sont faites directement sur les murs dégradés qui les mettent en valeur et donnent aux vidéos une matière, une texture.
Elles s’ancrent ainsi dans le lieu et dans l’histoire de celui-ci, l’endroit même où furent regroupés les biens juifs spoliés lors de la Seconde Guerre Mondiale.
Mieux, elles semblent être produites par les murs eux-mêmes à la façon de fantômes, témoignages du lieu, traces de l’histoire, seules lumières présentes dans ce gigantesque espace sombre.
Cependant, ces extraits de films ne se contentent pas d’occuper l’espace visuellement, leur proximité forme un vaste espace sonore, mélangeant chants, musiques, langues étrangères… Ce son emplit l’espace, formant une trame changeant sans cesse, suivant nos déplacements.
Nous déambulons donc, dans cette échelle d’espace légèrement en décalage par rapport à nous, décalage par l’échelle spatiale car chaque vidéo nous montre une échelle humaine légèrement ou excessivement agrandie, et un son également amplifié. Un écart également au niveau de l’échelle temporelle car chaque vidéo possède sa propre temporalité, sa propre mémoire, exacerbée par l’histoire même du lieu.

Anna Nguyen


Francois Morellet - Réinstallation

Francois Morellet, Réinstallation.

2 Mars- 4 Juillet 2011
Centre George Pompidou, Paris
Commissaires:
Alfred Pacquement, Serge Lemoine


Cette rétrospective présentant des installations de Morellet de 1963 jusqu’à aujourd’hui nous fait voir la démarche de l’artiste, consistant à associer des formes géométrique simple par des systèmes de constructions prédéfinie, sous la forme de quelque chose s’apparentant au best of. La variété des œuvres permet tout de même de saisir une évolution des questions posées, allant de l’interrogation de la ligne coupée et retrouvé à la forme en elle même, et du travail qui reste pourtant montré de façon esquisser. Il nous est présenté travaux aux néons mais aussi ceux en bois et au fusains, pourtant en restant toujours à la surface des choses. L’exposition de par sa mise en espace qui manque de fluidité et de sa durée trop courte permet seulement d’entrevoir le travail d’installation de Morellet pourtant important dans son œuvre.
Il nous reste l’impression que des travaux ( pourtant de qualité) on été mis ensembles un peu par hasard.

Rodriguez-Sol Nicolas


La route de la soie

La route de la soie / The silk road
20 oct.2010 – 16 jan.2011
Exposé au Tri postal par Nigel Hurst, Martine Aubry
Avenue Willy Brandt
59000 Lille

www.lille3000.eu/laroutedelasoie

Depuis sa création, la Saatchi Gallery oeuvre à désacraliser l’art contemporain. Instalée dans le quartier de Chelsea, elle est ouverte gratuitement au grand public. Un personnage venu de la publicité, passé maître dans l’art de saisir les talents et de se battre pour qu’ils soient connus et reconnus.
Et le Tri Postal, c’est un lieu à part que le public aime. Il s’est imposé comme un véritable centre d’art contemporain qui a accueilli depuis 2004 les plus grands créateurs internationaux. Lille 3000 propose, en étroite collaboration avec la Saatchi Gallery, une sélection unique parmi les oeuvre les plus évocatrices de la jeune création contemporaine. Chinois, Indiens, originaires du Moyen-Orient(Liban, Iran, Irak), ils sont une trentaine, moyenne d’âge 30-40ans, dont on pourrait découvrir le travail refait aux normes muséales. L’idéd est de poser des ‘ambiances’ souligne Didier Fusillier, manière de reprendre cette exposition qui, dès la plus haute antiquité, mettait en contact le monde de la méditerranée avec la Chine.

Au moment d’entrer dans la première salle d’exposition du premier étage, on tombe nez à nez avec une dizaine de vieillards assis dans des fauteuils roulants qui déambulaient dans la pièce. Tout les visiteurs, à la première vue des vieillards, amorçaient soit un mouvement de recul, soit se stoppaient de stupéfaction. On ne pouvait pas bien distinguer la sculpture de l'homme en chair et en os car ils ont été crées de manière ultra réaliste. De plus, les fauteuils roulant étaient électriques et ajoutaient une dimension de mouvement à l'oeuvre.  Même quand je suivais les fauteuils et m'approchais pour observer en détail les vieillards, il m'était difficile de faire la différence. Car leur expression du visage ainsi que les plis de leur peau ont été réalisés avec grand soin.

Sun Yuan & Peng Yu, deux artistes chinois décrivant les anciens grands dirigeants de la planète en détail nous touchent sur plusieurs points. Les corps mourant opposés à l'honneur et la force veulent dire que personne n’empêche le temps de faire son travail.
Les deux artistes voulaient peut être parler d'une nouvelle génération après les vieillards.


Les artistes chinois présentaient des oeuvres audacieuses , ils avaient leurs propres influences et leurs propres tendances . J’avais pressenti qu'elles parviendraient à toucher le niveau international.

LEE Hwan hee

Sun Yuan and Peng Yu, Old Persons Home, 2007, 13 x life size sculptures and 13 x dynamoelectric wheel chairs, Dimensions variable, Courtsey of the Saatchi Gallery, London,
© Sun Yuan and Peng Yu, 2009

Anthony McCall

Anthony McCall , installation  Between You and I  2006
du 3 février au 16 avril 2011
Collège des Bernardins : 20, rue de Poissy 75005 PARIS
http://www.collegedesbernardins.fr

Le cinéma n'est peut-être pas ce qui est projeté sur un écran, n'est peut-être pas un film. C'est un processus, un mode opératoire de l'ordre de l'expérience qui aboutit toujours au même résultat : un cône lumineux traversant qui forme une sculpture immatérielle : lumière. Entre toi et moi il n'y a que cette lumière. Source de vie elle nous jette dans le monde de l'image comme s'il existait, comme s'il était vivre. Voir et vivre par procuration ce qui ne peut être vécu, s'imaginer avoir cette vie.
Le cinéma est système solaire : la lumière jaillit par derrière pour que nous contemplions son action sur le monde. C'est une bible : on y croit sans être dupe. Ce n'est pas le processus qui nous fascine mais toutes les interprétations possibles de son action. On ne peut donner qu'une valeur empirique aux astres, c'est ce que l'on fait du cinéma. Naturellement simple, il n'est que mystifié et humanisé par l'absurdité de notre pensée.
Le cinéma est songeur, comme la vie. Il illustre notre façon de nous emparer de ce qui ne nous appartient pas ; le soleil en tant qu'homme ou bête.
Le cinéma veut nous faire oublier qu'il est cinéma tout comme le monde qu'il est une planète. Je ne sais pas ce qu'est une illusion, je ne peux savoir ce qui existe mais je peux ressentir, au même titre que chacun, par mon corps. J'ai ainsi pu vivre le cinéma et le comprendre physiquement car il est comme tout art une science. Plongé dans un noir total il n'y a que lui pour être vu, tel un soleil sans planète. Nous devenons écrans. Éblouis par cette faible lumière, nous pouvons contempler son action. Matière traversante ou traversée, il n'y pas d'explications : nous sommes là.
On redécouvre la vue parce qu'on y voit rien, et notre esprit parce qu'on ne peut rien y comprendre. Déambuler dans un cinéma où l'on n’a pas de place, regarder le projecteur étant l'écran. Le cinéma c'est ce trajet, plus rapide que nos sens, on le suit bêtement, on cherche son effet en se creusant ou en se laissant aller.
Le cinéma est sans règles bien qu'elles soient toujours respectées. Il n'a pas de durée ni d'espace : nous sommes tous égaux dans nos différences face à lui. C'est ce que les cinéphiles oublient, on ne peut parler que de ce qu'il n'est pas. Il est un raisonnement par l'absurde incessant qui est persuadé d'un sens.
Le cinéma c’est la lumière qui dévoile la poussière de l'air.

Hugo Rincé


André Masson - Un nomade à Paris

André Masson
«Un nomade à Paris»
(de 1921 à 1967)  Au Musée du Montparnasse, Paris.


Errant dans les rues pleines de charmes de Paris.
Le voilà dans une impasse,
Le Musée du Montparnasse.
André Masson y fait une halte, une trêve.
Tel un atelier d’artiste
Le lieu est intimiste.
Décrivant  un Paris sans cesse en mouvement,
Un Paris dégoulinant d’odeurs, de voix et de sang.
Les courbes violentes et viscérales de l’homme
Donne à ses peintures une atmosphère  authentique.
Huile et pastels,
Peinture et collages,
Encre et fusains,
Accompagnés de photographies anonymes montrant notre capitale des années vingt.
Spectateur à la fois intrigué et timide face à l’escale au cœur du vieux Paris
Cette ville que l’on croyait perdue à jamais,
Renaît dans une promenade où tableaux, photos et vidéos se croisent et se répondent.
De la rue Blomet, aux abattoirs de la Villette, en passant par les Halles ou l’Odéon,
Voici, les beaux comme les mauvais jours.
Spectateur baladin, à l’écart du tourisme.
Spectateur adorateur de Paris
Masson disait lui-même s’en « être pris de passion »,
Une passion peu connue mais valant le détour.

Paris sa muse,

Paris son amour.


Eléna Thiébaut

Ruben Brulat

Ruben Brulat
Du 3 mars au 30 avril à la galerie Confluence (13 & 14, quai de Versailles, 44000 Nantes).

J’ai découvert Ruben Brulat par son blog, ce qui m’a rendue un peu sceptique vis à vis de son travail. Cet artiste semblait être un énième globe-trotter racontant son voyage. Où se trouve le côté artistique entre photos « documentaires » et « cartes postales » ?
Le choix des photos de la série Primates m’a fait changer d’avis.

Ici, la présence du corps est aussi importante que celle du paysage. En fait, les deux sont complémentaires : La puissance de l’un n’est visible que grâce à l’insignifiance de l’autre.
Petit, fragile, sans visage ni habits, l’artiste gît à même le sol et nous rappelle la vulnérabilité de l’Homme, lorsqu’il est seul face à la nature.


Ce message peut paraître vide et redondant, comme si l’auteur rajoutait d’autres photos dans la masse d’images bien léchées à visée écologique (Yann Arthus Bertrand, Nicolas Hulot …).
Mais ce qui transparaît le plus dans ces images, c’est la solitude.
En effet, Ruben Brulat est encore seul et nu dans  Immaculate . On le voit recroquevillé, sur ce genre d’îlot de lumière que les villes laissent à minuit passé. L’éclairage public se transforme alors en projecteur, l’auteur est sous les feux de la rampe.
Pourtant, pas de paillettes dans cette série, pas de mondanités. Au contraire, la ville que dépeint Brulat est extraordinairement grise et vide.

J’ai de l’affection pour le travail de cet artiste : Il y a du Sempé dans ses clichés. Sur les images de ces deux auteurs, l’Homme n’est qu’une peccadille dans l’architecture. C’est pourtant lui qui a le plus grand rôle : Celui de nous interroger sur notre condition.  Ce que Sempé a fait par l’humour, Brulat le fait par le mystère.

Marianne Le Duc

© Ruben Brulat

Photosculpture

Photosculpture
« La Photographie de la Sculpture de 1839 à aujourd’hui »
Kunsthaus Zurich (Suisse)
25 février – 25 mai 2011
www.kunsthaus.ch



Agressante pour certaine
Blanc et Noir
Création d’une sculpture grâce à la photographie
Diversité
Enrichissant
Figure
Grand espace
Horizon
Imitation
Jeux de couche
Kyrielle
L’envie d’en voir plus
Mouvement
Nouveau
Obscure
Prise de vue poétique
Questionnements
Révélation
Stupéfiante sensation
Technique
Univers variés
Voyage dans le temps
Xérographie
Yeux vairons
Zircon
 
Artistes : Eugène Atget, Hans Bellmer, Herbert Bayer, Constantin Brancusi, Brassaï, Manuel Alvarez Bravo, Claude Cahun, Marcel Duchamp, Peter Fischli et David Weiss, Robert Frank, David Goldblatt, Hannah Höch, André Kertész, Man Ray, Bruce Nauman, Gillian Wearing, Hannah Wilke, Iwao Yamawaki et beaucoup d'autres.

 "Outlaws" Peter Fischli & David Weiss


Le monochrome sous tension

Le monochrome sous tension

14 janvier au 5 mars 2011
16, avenue Matignon, 75008 Paris
http://www.tornabuoniart.fr/exposition.php



Une immersion dans le monochrome, c’est ce que nous offre la galerie italienne Tornabuoni Art. Vaste sujet de réflexion qui génère une grande impulsion créative dans les années 1960. Des œuvres des grands maîtres y sont exposées : Manzoni, Fontana, Castellani… Si aujourd’hui, près d’un demi-siècle plus tard, la question du monochrome semble moins préoccuper les artistes contemporains que leurs pères, elle est néanmoins présente. Elle est représentée ici par Anselm Reyle, Laurent Grasso, François Morellet pour n’en citer que trois.
Monochrome. Tout de suite on pense à une toile lisse d’une seule couleur uniforme; mais cette évocation est bien réductrice de cet art. D’ailleurs, la galerie n’expose aucune œuvre de cette forme. Bien au contraire, chaque espace de présentation ou de représentation a subi une intervention physique, parfois brutale, de la part de l’artiste : pliage de la toile par Manzoni et Parrino, déchirure pour Fontana, … enfin de compte nous sommes très loin des toiles lisses auxquelles nous pensions au départ. Cette fois les œuvres deviennent dynamiques ; elles perturbent l’espace et créent de nouveaux volumes. La grande lentille concave d’Anish Kapoor aspire le spectateur et l’invite à regarder une vue, où les perspectives sont déformées, qui n’est autre que là où il se tient.

Commissaire d'exposition : Matthieu Poirier
Artistes exposés : Lucio Fontana / Enrico Castellani / Piero Manzoni / Gianni Colombo / Piero Dorazio / Dadamaino / François Morellet / Luis Tomasello / Agostino Buonalumi / Steven Parrino / Anish Kapoor / Laurent Grasso / Anselm Reyle / Morgane Tschiember


Plantive-Triger Blanche



Anish Kapoor, Sans titre, 2008