lundi 12 novembre 2012

Le souffle des chimères



Le souffle des chimères
Galerie Mélanie Rio – 21 septembre au 27 octobre 2012


Inès et Ruben réfléchissent à la façon dont ils vont rédiger la chronique.

-C’était un dialogue où on devait imaginer la chronique ?

- Ouais c’était ça.

-Bon, on commence par quoi ?

- Bah, par la porte.

-Tu devrais préciser la porte d’entrée de la galerie.

-Non j’précise pas.

-Pourtant je trouve qu’elle est importante, parce que c’est une vieille porte
d’immeuble qui passe inaperçue.

-C’est vrai, j’voulais juste pas préciser «d’entrée ».

-C’était étrange qu’il faille sonner et que le type vienne nous ouvrir.

-Ouais, ça faisait un peu …Ca faisait un peu…

-« Bienvenue chez moi ! » hahaha ! !

- …rendez-vous comment dire… intime.

-Ouais. En tout cas le galeriste était très accueillant.

- Euh ! Moi j’vais dire une connerie là !… Non en fait ça fait un peu trop…

-Ouais, après on va plus rien comprendre à notre mise en abyme.

- Un peu comme dans l’expo en fait.

-Euh ? pourquoi ?

- Bah si, un peu.

-Une maison dans une maison ?

-Non, mais une expo de trucs qu’on peut trouver dans une maison, replacés dans une maison.

Linda Sanchez: Tissus de sable 2012
Julie Béna : Eclaircie 2 (vidéo projetée, 2012)


-Ouais comme le tapis fait de sable et les photos de familles taguées exposées au dessus de la cheminée.








-Oui ! et la fenêtre projetée sur le mur, où on a joué comme des gosses, comme dans notre maison d’enfance, tu t’souviens ?

-Aha ! avec cette phrase on dirait qu’on est frère et soeur !

- Mais ce qui est marrant… mais ce qui est fou, c’est que certaines oeuvres sont…intrigantes. Des formes euh…

-Tu parles de celles au sous-sol qui semblaient être faites en ciment, enfin toutes dures quoi, et qui prenaient des formes toutes molles.

- Oui ! l’alphabet !

-C’est vrai que la façon dont elles étaient disposées sur le sol faisait penser à une sorte de langage.


Sophie Dubosc

-Comme un langage universel, mais qui semblait tellement détaché de l’univers de la maison, que j’en avais peur ! Heureusement que t’étais là !

-Oui, c’est vrai que c’était très angoissant ce sous-sol blanc, et puis tu te souviens de cette boîte de conserve suspendue au plafond par un fil avec une sorte de liquide à l’intérieur ?… étrange.

-D’où tu me l’as montrée, avec le bruit… non… la musique de l’étage au dessus, c’était terrible !

-C’était angoissant, mais ce qui est étrange, c’était que ces volumes exposés s’inséraient parfaitement dans l’architecture du lieu d’exposition.

Sophie Dubosc
Hé ! D’ailleurs, on devrait parler des strates : au sous-sol ce qui est exposé semble neutre, fait de matériaux pauvres, puis au rez-de-chaussée, ça prend vie ça bouge, et puis tout en haut, il y a cette vidéo, avec des gens qui parlent, qui vivent.

- Wow ! Le monologue !

-T’as rien d’autre à dire ? tu dis juste ça ?

-Euh, si… La vidéo à la fin, elle était un peu longue.

-Ouais. On a passé combien de temps à la regarder ?

-C’était long, genre c’était pas un film, ni un documentaire ou un reportage. C’était la maison.

-Mais carrément ! Une vidéo intimiste sur la vie de cette petite fille trisomique…

-En fait, c’était comme une fenêtre quoi !

-Et nous on est des voyeurs…

-Ouais j’étais mal à l’aise car je ne suis pas un voyeur.

-Tu trouves pas que la notion de voyeurisme est super présente dans cette expo ? On rentre dans une maison déjà, et puis tout fait penser à l’intérieur de chez quelqu’un.

-Ouais enfin on était quand même invités !

-C’est ça qu’est bizarre.

-Mais t’as raison j’voulais faire plein de bêtises.

-On voulait tout toucher, sans aucune gêne, comme si on était chez nous.
Le téléphone sonne.
-Je répondrais plus tard.

Inès et Ruben


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