mardi 29 mai 2012

La belle peinture est derrière nous


La belle peinture est derrière nous
Le lieu unique, Nantes, Du 16 mars au 13 mai 2012
Entrée libre

BERNINI, KATIA BOURDAREL, ALKIS BOUTLIS, DAMIEN CADIO, NICOLAS DARROT, DAMIEN DEROUBAIX, GREGORY FORSTNER, CRISTINE GUINAMAND, YOUCEF KORICHI, KOSTA KULUNDZIC, P. NICOLAS LEDOUX, ÉLODIE LESOURD, IRIS LEVASSEUR, FRÉDÉRIQUE LOUTZ, MARLÈNE MOCQUET, AUDREY NERVI, MAËL NOZAHIC, FLORENCE OBRECHT, AXEL PAHLAVI, STÉPHANE PENCRÉAC’H, RAPHAËLLE RICOL, LIONEL SABATTÉ, IDA TURSIC & WILFRIED MILLE, JÉRÔME ZONDER.
A l’entrée un écriteau noir sur mur blanc, comme souvent, ici je prends le temps de faire une pause. La belle peinture est derrière nous.
Il parle des divergences, des façons de regarder en arrière. « L’œil de la nouvelle génération ne quitte jamais vraiment le rétroviseur de la tradition », mais le texte me fait mal aux yeux, les lettres noires se penchent. Il s’achève « Les abrutis ne voient jamais le beau que dans les belles choses. »
Sur l’autre partie du mur, je vois un type tatoué de bleu qui tire une gueule étrange. Je reste dubitative mais je capte le lien avec la dernière phrase du texte. Il n’empêche que je ne suis pas convaincue, je veux en voir plus.
Je m’arrête devant la première toile qui me tape à l’œil ; du grand, du rouge. Un vieil asiatique, portrait grossier mais efficace. Il crache de la fumée. Tout flou. C’est le Cosaque 2, Gregory Fostner 2004
Ça devient plus clair, l’agencement entre la toile du Cosaque et sa voisine de gauche.
Au début, des allumettes qui se sont malheureusement collées à une vielle toile enduite de noir à qui on a mené la vie dure. Genre bafouée depuis des mois dans un endroit sombre et humide. Puis je me rends compte et là ça m’intéresse, ce mouvement de fumée dans lequel les allumettes peintes se perdent.  Une bouffée de fumée dans un espace sombre. La jolie perdrix Lionel Sabatte 2011
Je reste insensible aux sculptures qui occupent le lieu peut être est- ce un défaut de ma part mais j’ai l’impression qu’elle s’intègrent à l’atmosphère du lieu mais elles n’attirent pas mon regard.
Jérôme Zonder nous invite à marcher sur des corps pour rejoindre la porte qui est en face. Ah non, la lumière fait que j’y suis déjà. Dans le cadre de la porte, et d’autres visiteurs m’y rejoignent ; c’est notre reflet.
J’avoue être impressionnée par ce sombre étalage de corps, il y a une certaine élégance  dans le traitement des sujets et une certaine distance prise entre eux et nous. Ça me fait penser à La forêt des cauchemars (2010) du même artiste. Sauf que là c’est une pièce qui est cauchemardesque et non un long couloir. Il nous fait baisser les yeux je le ressens comme une forme de soumission à son travail. Ici c’est presque un soulagement de ne pas être contraint d’avancer sur le charnier pour atteindre une autre pièce, on peut être lâche et ne pas voir l’œuvre dans son intégralité on a le choix de la distance.
La première porte (2012) Jérôme Zonder T’es là (2011) Jérôme Zonder
Je m’arrête devant un portrait, un vieil homme derrière un pot de fleur me semble t’il joue avec un canon miniature ou du moins s’apprête à y toucher. Il a l’air mélancolique. Je ne pense pas saisir l’idée, si tant est il y en a une, et puis je suis prise de cours par le temps. Quelqu’un me tape sur l’épaule et me dit que l’exposition ferme ses portes. Je sors.
Les micros pendus dans le vide n’émettaient pas de son, mais le bruit venait d’ailleurs.  Sonorité mentale. Des yeux de cet homme, des bruits des sabots de ce cheval déambulant dans le noir. Des chiens que j’ai pris d’abord pour des hyènes, ricanant lors d’un carnaval. Peut être s’amusaient-ils de nos visages perturbés sous l’écrasante ambiance de la peinture nouvelle.
Laure Maltête
Jérôme Zonder, T’es là, 2011,
150 x 150 cm, Mine de plomb et fusain sur papier.

P. Nicolas Ledoux, Gasio B, 2011,
huile sur toile, 217 X 172 cm


Ida Tursic et Wilfried Mille, LNP, 2010,
huile sur toile, 200 x 300 cm