mercredi 27 mars 2013

OLIVIA LAVERGNE


JUNGLES OLIVIA LAVERGNE -du 13 au 20 avril 2013- GALERIE CONFLUENCE- NANTES


"JUNGLES"...
Le titre de cette exposition photographique m'évoquait quelque chose de brutal, de dense et vivant, une nature bestiale ;
avant même de m'y rendre j'avais déjà en tête une foule d'images entremêlées, de graphismes indistincts et compacts.
Aussi, une fois devant la douzaine de photographies d'Olivia Lavergne (artiste française d'une trentaine d'années),
des formats moyens sans être imposants, je ne peux m'empêcher d'être déçue...
Présentées comme elles le sont ces images n'ont rien du grouillement bruyant d'une jungle,
elles sont étrangement silencieuses et comme inertes sur les murs blancs et la configuration d'ascèse de la galerie.
Il y a comme un vide, qui lui me frappe.
Ces photographies se veulent témoins d'un voyage et d'une immersion de la photographe dans un environnement dense et luxuriant mais ces détails de paysage, malgré leurs gros plans, ne me happent pas, je ne ressens rien d'assourdissant dans ces formes végétales si ce ne sont les couleurs, des ocres, des verts et des bleus qui, dans une semi-obscurité éveillent tout de même l'attention, et l'intérêt pour le graphisme des plantes qui nous sont données à voir.




CAMILLE MILLOT

mardi 26 mars 2013

MICHAEL CLARK


COME, BEEN AND GONE - MICHAEL CLARK 
Au grand T - Nantes 



Trois  tableaux, deux entractes
Déjà l’on s’éloigne d’un modèle
traditionnel.

Une mouvance en duo pour commencer.
Six danseurs en justaucorps, taillés dans
un même bloc de tissus, très moulant.
Mais chez chacun, de légères différences :
Une jambe plus couverte que l’autre,
un jour dans le dos.

Ambiance minimaliste sur une musique de Bruce Gilbert.
Une ligne blanche, verticale, se déplace très lentement sur un écran noir en fond de scène.



 Première indécision en cette femme rasée.



Entracte

Un danseur longiligne sur le devant de scène; il bascule dans la fosse. Seul, il danse, puis traverse la salle avant de retourner en coulisse par porte en milieu de salle.

Cet homme porte une robe.

Mouvement d’ensemble

 Entracte

Costumes double face.
Le dos, la tête ; tous noirs.
Comme des pingouins.
C’est très clair maintenant. De la grâce, de la rigueur, toute la précision de la danse classique doublée d’une maladresse certaine

Ouverture à l’entre deux et défilé de loufoqueries.

 Ecran jaune, orange, bleu. Sauts de chats sur du David Bowie. Hommage au rock n’roll. Un, deux, quatre costumes. Pétillant. Surprenant. Vivifiant.



Come, been and gone est un véritable jeu de croisement, un entre-deux permanent. Frontière des genres. Sexuels, vestimentaires, artistiques. Tant graphique que chorégraphique; visuel que musical. Classique et kitch à la fois, Michael Clark s’impose comme un véritable héritier de la culture punk et c’est très réussi.


Fanny Martin

Alina Szapocznikow



Alina Szapocznikow

Du dessin à la sculpture

27 février – 20 mai

Centre Pompidou



J’ai découvert le travail de cette artiste polonaise il y a deux ans, en tombant sur le catalogue de l’exposition monographique qui venait d’avoir lieu au centre d’art contemporain de Bruxelles (Alina Szapocznikow – Sculpture Undone – 1955 -1972). À la fois dérangée et fascinée par ces étranges dessins et sculptures, j’avais très envie de les voir « en vrai ».
La petite exposition qui a lieu en ce moment au quatrième étage du Centre Pompidou ne m’a pas déçue. Elle regroupe une centaine de dessins et monotypes, et quelques œuvres tridimensionnelles. Dès la première salle, j’ai apprécié ressentir le caractère expérimental de son travail : pas d’impression de gradation entre des dessins que l’on pourrait définir de préparatoires, et les monotypes ou sculptures. Les croquis à l’encre sont peut-être le point de départ d’œuvres plus « abouties », mais je les trouve d’une intensité presque plus saisissante. Corps fragmenté, amas de chair, agglomérats de matières. Alina Szapocznikow expérimente de nouveaux matériaux tels que la mousse polyuréthane, résine polyester, limités à l’époque à un usage industriel. Elle démembre, défigure, déconstruit pour reconstruire. C’est souvent son propre corps qui est la base de ses expériences, presque toujours identifiable malgré les déformations. Dans ses premiers dessins d’étude, le corps apparaît encore comme entité, puis il se métamorphose en objets étranges, anthropomorphes. Ce passage de désarticulation de la forme est fascinant et bien mis en lumière par la scénographie de l’exposition.

Aussi bien dans ses œuvres en deux dimensions que dans ses sculptures, je ressens une certaine fragilité, de l’instabilité. Un peu comme si le centre de gravité de la figure était déplacé, toujours un peu trop haut ou un peu trop à gauche. Elle joue avec la pesanteur, et c’est peut-être ce déséquilibre (très maîtrisé) qui me tient en admiration devant chaque dessin. Les quelques prototypes d’objets « fonctionnels » qui nous sont présentés (coussin, lampe) sont d’autant plus étranges qu’ils se trouvent entre l’objet de consommation de masse et quelque chose de très unique, purement charnel.
Pierre Cabanne a écrit à propos d’une série de sculptures en cire « On ne sait jamais si les seins ou les cuisses qui émergent de cette espèce de lit sont objets d’étreintes ou saisis par la boue d’Hiroshima. On ne sait jamais si c’est l’amour ou la mort qui les révèlent ». Cette déclaration résume parfaitement l’ambiguïté du travail d’Alina Szapocznicow, entre angoisse et extase, déstabilisant et fascinant, viscéral et sensuel.





Gabrielle Petiau

Art au Carré


Exposition « Art au Carré »
Du 18 janvier 2013 au 24 février 2013 à Nantes
Organisée par la galerie Albane et Espace investissement


Bâtiment N°3
Clémentine De Chabaneix

   Le jour, la nuit,
La nuit, les ombres, une ambiance
trois murs sur des dessins,
Des dessins sur trois murs
Des néons, du mystère
Du mystère, du noir et blanc
Du noir et blanc, de l’intensité

   Au centre, un arbre,
au centre de l’arbre, un trou, une fille
Une fille, une balançoire
Une balançoire tout droit sortie d’un conte
Un conte avec une forêt
Une forêt, des couleurs
Des couleurs dans la pénombre

   Une barque près de l’arbre
Non!
Un arbre dans la barque
Un voyage, un monde parallèle
Un monde parallèle, intérieur, extérieur
Fantastique, mystique
Mystique, perdu!







Cassie Néhou

Institut du Monde Arabe


LES MILLE ET UNE NUITS
Institut du Monde Arabe, Paris
Jusqu’au 28 avril 2013



            Plongé dans une lumière tamisée, l'Institut du Monde Arabe nous accueille dans un espace débordant de livres anciens ; on est immédiatement renvoyé au septième siècle du Moyen Orient et immergé, avec émerveillement dans le passé des mille et une nuits.

            Ce voyage nous transporte de toutes les manières possibles. Dans la première salle c'est un plafond investi par des carrés de lumière. Plus tard, on traverse musicalement différentes cultures, de l'Iran en Egypte, en passant par l'Irak et la Syrie. Des décors dignes des grandes scènes de théâtre nous encadrent et l'on se sent  véritablement dans un conte oriental.

            Des peintures, des photos, des vidéos, des instruments, des costumes ; chaque proposition est un complément pour la suite de l'exposition et la compréhension de l'ambiance générale. Je m'y suis sentie baladée et appelée par les personnages des mille et une nuits.


            Les histoires et leurs protagonistes nous rattrapent et viennent enrichir  nos histoires d'enfants. Nous trouvons d'autres aspects esthétiques et plastiques aux dessins animés de Disney et aux héros des livres étudiés à l'école. Pour moi, il s'agissait de vieux souvenirs dans ma mémoire ; cette exposition m'a permis d'en apprendre plus. C'est comme si j'avais grandi et que l'on pouvait me dévoiler l'origine de ces contes lointains.


TAHAN ADELINE

Olivia Lavergne


Olivia Lavergne, Jungles

Galerie Confluence, Nantes, du 13 mars au 20 avril




     Olivia Lavergne nous invite dans la galerie Confluence à pénétrer dans une jungle très esthétique. Dès l'entrée, on est frappé par la présence, trop pesante, de cadres japonisants en bois sombre, qui cloisonnent proprement des clichés de nature luxuriante. Ce cerne noir, certes design, standardise malheureusement des photos irrégulières et aplatit l'ensemble. On a donc au premier abord, plus l'impression de se trouver dans la salle d'attente d'une agence de voyages qui vend un rêve raffiné d'exotisme, que dans une jungle à proprement dit.

     Il faut un deuxième regard pour réussir à s'extraire de cette  vision globale qui manque d'originalité et redécouvrir individuellement les images. On perçoit alors la méthode de l'artiste, répétée de manière plus ou moins heureuse en fonction des prises de vue. Il y a toujours un clair obscur, organisé avec un premier plan sombre, presque hostile, et un deuxième qui se présente comme un au-delà lumineux. L'image invite à pénétrer au cœur de ces cocons de verdure, et, parfois, on arrive à se perdre dans cette densité graphique, oubliant qu'il s'agit de feuillages. Il ne reste alors, plus que le dessin merveilleux qui n'a plus rien d'un rêve standard d'exotisme.




Isabelle Levadoux

Gisants


Gisants (Hommage à E.C Crosby et K.Z Lorenz) Jan FABRE.

Du 28 Février au 20 Avril 2013, Galerie Daniel Templon, Paris

            Gisants, un gisant, de marbre, une forme, statique, centrale de cet espace, noir, contrastant froidement avec l’œuvre. Tout autour. L’Œuvre. Et puis des cerveaux, partout. Pincés d’insectes, un microcosme fourmillant de part en part. Mouches butinant sans fin, restant immobiles, lorsque le public volète, bourdonne et se réchauffe sous les projecteurs.
            La mise en scène le connait. Alors, après les Piétas de la Biennale de Venise, Jan FABRE réitère l’opération. De marbre, toujours, car rien ne doit bouger, pas un cil. Mais cette fois-ci, ce sont des morts. Oui, des morts. Une véritable mise en scène macabre. Deux caveaux, de chaque côté de la rue. La Galerie transformée en tombeau le temps d’une exposition. Un hommage de plus, à deux scientifiques. Anatomistes et biologistes. Le corps comme outil de travail. Et la science de la vie.
Un esthétisme tout à fait particulier, un humour décalé mis au service d’un matériau noble. Car ici, tout est de marbre.


            Sauf que ce soir, c’est le vernissage. Du beau monde. Le gratin. La haute. Les commentaires acerbes de mes voisins n’y feront rien. Moi j’adore. Au-delà même, j’idolâtre.
            Le maitre est là, dans son costume cintré. Accent faussement british. Anonyme parmi la foule.

Margot Seigneurie.

Manuel Álvarez Bravo


Manuel Álvarez Bravo. Un photographe aux aguets (1902-2002)
Jusqu’au 20 janvier 2013
Jeu de Paume, Paris


La rétrospective de l'artiste photographe mexicain Manuel Àlvarez Bravo (1902-2002), exposée au Jeu de Paume à Paris, a été installée dans un espace qui se déroule comme un serpent étendu presque en spirale en évoquant une spirale temporelle qui nous accompagne dans l'histoire de son travail.
En pénétrant dans ce parcours je suis restée immobile face à la façon de l'artiste de partir d'un détail insignifiant de la vie quotidienne ou d'un cliché de la tradition de sa culture pour en réaliser une image irréelle, une forme presque divinisée et indépendante en elle-même, loin de toutes connotations. Matelas, rideaux, arbres, marches, papiers, orgues, rochers... deviennent à travers ses photos des formes abstraites entre le minimalisme et le surréalisme. J'ai retrouvé dans ses images, synthétiques et absurdes, ce que moi j’essaie vainement d'exprimer avec la poésie. J'ai aperçu ses photos-poèmes comme une recherche en cours et au même temps comme une réalisation aboutie de l'objectif d'expression préétablie.
Dans plusieurs photos avec des contextes complètement différents on retrouve la même attention pour la forme circulaire, dans un autre ensemble de photos il s'attarde plutôt à travailler des formes bien plus géométriques et ses ombres nettes. Ce sont ces formes, plutôt que les sujets, qui nous permettent de créer des liens entre ses images et de passer de l'une à l'autre avec la même fluidité que dans un film. Par contre pour ce qui concerne les sujets on remarque qu'il y a une grande majorité d'objets non vivants, immobiles et de détails plutôt que de personnages et pourtant le mouvement est partout !
Même dans les scènes où il y a des personnages, il ne se passe rien, il n'y a pas d'action. Ils sont allongés ou plongés dans leurs pensées ou en attente et pourtant le jeu des formes crée un mouvement dans chaque image.
Dans ses photographies on a l'impression que le temps n'existe pas, c'est plutôt l'instant qui règne comme une répétition infinie.
Une phrase de Bravo m'a absorbée:
« La statistique est la quintessence de la dynamique »









Federica Ruggieri