samedi 22 mars 2014

Henry-Pierre PICOU (1824-1895) et les Néo-Grecs


La lyre d'ivoire

Henry-Pierre PICOU (1824-1895) et les Néo-Grecs

NANTES-Chapelle de l'Oratoire 25 octobre 2013 - 26 janvier 2014
MONTAUBAN-Musée Ingres  21 février - 18 mai 2014

Commissariat général :
Blandine Chavanne, directrice du musée des beauxarts de Nantes
Florence Viguier-Dutheil, Conservatrice du Patrimoine, Directrice du musée Ingres de Montauban
Commissariat scientifique :
Cyrille Sciama, chargé de la collection XIXe
Scénographie :
Silvio Crescoli

Communiqué de presse:



Une exposition sur les Néo-Grecs à Nantes ! Quel manque de perspicacité de la part du Musée des Beaux-arts, se dira t-on, d'exposer la crème des conservateurs de l'Académisme 19ème qui nous ennuie tous. Sexistes, impérialistes et anti-modernes, tout ce qui mériterait notre opprobre. Et pourtant, à regarder leurs peintures de plus près, nous ne sommes pas si éloignés des œuvres de nos puissants collectionneurs européens.
Regardons, par exemple, la peinture qui parachève le style néo-grec de Jean-Léon Gérôme : Le prisonnier. Une barque orientaliste, mené par l'artiste lui-même, transporte un prisonnier, Charles Gleyre, son maître. L'analogie avec A Perfect Day, de Maurizio Cattelan (son galeriste scotché au mur) n'a guère besoin d'être démontrée. L'amusement des puissants à jaser des « clash » entre personnalités non plus. Les Salons de l'époque faisaient déjà office de « Closer » pour la « bofitude » aristocratique. Ça, tout le monde le voit ! Ce que l'on voit plus difficilement chez Gérôme, c'est la mort de Dieu. La mort de l'Autorité au sein même de ce que l'on identifie d'une manière générique comme l'Académisme. Gérôme avait commencé à tuer l'autorité antique avec son Combat de coqs (il désacralisait le regard sur l'antique par la représentation du quotidien), il achèvera cette autorité en lui substituant un modèle relatif, l'Orientalisme, qui n’a plus que le statut de puissance suggestive.
Depuis 1861, Dieu n'a certainement pas ressuscité. Ce n'est donc pas à l'Autorité que Cattelan s'est attaqué en 1999, mais à un Pouvoir. Et de même qu'il a fallu longtemps aux Européens pour admettre la mort de Dieu, de même il faudra encore quelque temps avant de pouvoir comprendre quel Pouvoir n'est déjà plus. Au-delà de la peinture en elle-même, on voit donc que l'art des néo-grecs cristallise des tensions internes à la société conservatrice de leur époque et que cet art ne peut que faire écho à notre art contemporain qui lutte lui aussi tant bien que mal à s'émanciper d'un système libéral nécrosé. Pour une fois, remercions donc les Académistes de nous mettre un miroir sous les yeux !

Antoine Perroteau



Jean-Léon Gérôme, Le Combat de coqs, 1847


Jean-Léon Gérôme, Le prisonnier 1861



Maurizio Cattelan, A Perfect Day, 1999 (Hors exposition)




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