jeudi 20 mars 2014

ICONOCLASTIE


ICONOCLASTIE
(Franck Gerard - En L'Etat / juillet 1999 - aujourd'hui)
Galerie MelanieRio (NANTES)
du 31 janvier 2014 au 22 mars 2014
http://www.franckgerard.eu/



            La photographie traverse aujourd'hui une période de transition, où elle se détache des maîtres des années 70-80 pour s'élancer vers une photographie du quotidien, un mouvement d'images crues, simples, qui tendent à évoluer vers des atlas de scènes du monde. Ce n'est pas moins bien. Mais c'est délicat. Toutes les périodes de transitions sont des périodes délicates. F. Gerard fait partie, à première vue, de ces photographes de l'instant, du réel, et l'exposition présentée à la galerie MelanieRio semble refléter une sorte de rétrospective du travail de l'artiste.
            L'organisation à proprement parler reste intéressante. La pièce du bas mêle peinture, photo, et sexe, on retrouve l'influence des artistes en marge des années 90, comme Clark ou Goldin, mais aussi T. Richardson par exemple, dans un enfer de néons rouges. Le travail offert par F. Gerard a un intérêt particulier dans cette société où la pornographie occupe une place très importante. Pourtant, dès que l'on retourne dans les trois pièces du bas, il y a comme un malaise. Des photos exposées sommairement sur les murs, des tirages brûlés au niveau du visage des protagonistes, et cette étrange série d'arrêts de bus où les pubs de femmes en petite tenue sont censées rendre compte d'une société sexiste et vaniteuse…. Le manque de cohérence dans ces trois pièces me semble être un détail douloureux qui devient un handicap lors de la visite des œuvres.
            Pour revenir sur la série Arrêts de bus, qui est par ailleurs intéressante esthétiquement parlant, j'ai trouvé cela un peu simple, peut être, de parler de sexisme en photographiant des publicités de sous-vêtements. Quel est le message de ces photographies ? Y'en a t'il un ? L'artiste semble ne pas vouloir montrer son réel positionnement face aux problèmes abordés, et il laisse alors un spectateur frustré, en doute, pas vraiment sûr de ce que pense l'auteur, et pas vraiment sûr non plus de ce qu'il faudrait en penser.
            C'est dans la dernière salle, en haut de la galerie, qu'une nouvelle réserve apparaît alors. L'accumulation de clichés : le message est clair sur notre société d'images et de désordre, mais l'artiste semble avoir décidé de ne pas s'intéresser aux formats de ses photos. Je suis pour ma part assez réservée concernant ce parti pris, attendant sans doute une installation plus dirigée pour contraster avec l'étendue numérique des tirages.
            Dans l'ensemble, F.Gerard est un photographe qui capture un instant de vie et de société de manière intéressante et parfois pertinente, mais les réserves des formats, l'accumulations de travaux trop différents (et peut être trop nombreux compte tenu du statut de galerie du lieu) nous laisse un goût de non-fini (et non pas d'infini) qui s'éloigne doucement sans marquer réellement nos esprits.

Nanténé Traoré.

(Quelques photographies hors habitat naturel!) 






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