jeudi 21 mai 2015

Ô BOWIE


Ô Bowie, Ô David Bowie,

Comment ai-je pu passer à côté de toi depuis tout ce temps ? Bien sûr, je

connaissais ton nom mais je n’en savais pas plus que cela te concernant : pour moi

ton nom était associé au Rock ni plus, ni moins.

Jusqu’au jour où j’ai décidé d’aller voir l'exposition qui t'est dédiée «David Bowie is …»

à la Philharmonie de Paris.



Quel personnage !

Mais qui es-tu David Bowie ?!

Dès le début de l'expérience, un casque nous est donné et nous plongeons d’une

époque musicale à une autre avec pour décor : des vidéos dans lesquelles tu

apparais, des costumes emblématiques que tu as portés, des pochettes de tes

albums mais aussi des peintures que tu as réalisées.



Mais au fond qui es-tu David Bowie ?!

INCLASSABLE, tu passes du glam rock au funk, t'essaies à la soul, à ta manière,

“manière blanche” diras-tu, pour ensuite nous surprendre avec de la disco et de

l’électro.

INDEFINISSABLE, tu cultives ton androgynie et ton physique atypique et joues sur

ton aspect humain. Tes différents alter egos sur scène poussent ta singularité à

son paroxysme.

Vis-tu sur notre planète ?



DECONCERTANT, tu ne te contentes pas d’être musicien, non, tu aimes, adores

t’intéresser à d’autres formes d’art. Si tu n’avais pas été musicien, aurais-tu été

peintre ?



Mais merde, qui es-tu David BOWIE ?!



Kengné Teguia

Dropper ou l'habitude du hasard

Dropper ou l'habitude du hasard. 
Hervé Coqueret et Bruno Persat

Dulcie Galerie, Nantes
Du 30 avril au 23 mai 2015


L'exposition de Hervé Coqueret et Bruno Persat repose sur l'exploitation méthodologique, presque documentaire de l'imaginaire développé par les deux artistes autour d'une unique forme et de ses résonances sociologiques (l'idée de communauté utopique est omniprésente). Sans pour autant sombrer dans un discours anticapitaliste assez bateau, l'exposition interroge notre mode de vie et les échecs qu'ont connu les communautés artistico-politiques américaines des années 60. Si le thème de l'exposition peut paraître déjà vu, les pièces d'art sur lesquelles repose le discours d'Hervé Coqueret et de Bruno Persat, amènent de manière implicite et délicate cette réflexion sur les désillusions d'un communautarisme idyllique. La scénographie de Dropper ou l'habitude du hasard correspond parfaitement à cette idée d'une exposition reposant sur un sujet déjà exploité mais dont les pièces forment un ensemble cohérent et intelligent. En prenant le temps d'étudier les particularités de la Dulcie galerie, les deux artistes ont construit une scénographie irréprochable car mystérieuse tout en étant lisible et intrigante. La force de l'exposition repose dans la simplicité des réalisations, dans leur justesse. C'est cette justesse qui fait la puissance esthétique mais aussi intellectuelle du travail de Coqueret et Persat, puisqu'elle met en exergue une certaine idée de l'art contemporain, détaché de ses carcans formels et individualistes pour revenir à cet esprit communautaire dont il est tant question.


Simon Rolland

Jauja, le rêve indecis


Jauja
Film de Lisandro Alonso, 2015
 

Oh que dire de ce film... Personnage à la dérive, du bleu, du vert, le souffle du vent sur les voiles de lin, l'eau qui coule et qui se boit, des plans infinis, une nature dévorante, des chiens magiques, une sorcière veuve gisant dans une grotte, et un casse noisette qui suit chaque personnage.
Film splendide, j'ai eu l'impression d'être dans un rêve. Pourquoi? Par l'incompréhension des plans, la fin qui prend son temps et les dialogues diaboliques.
Lisandro Alonso nous a bien eus. Je pensais regarder un film d'aventures, qui se finit bien, mais au-delà de tout espoir, j'ai eu un film plus profond, plus sourd, et plus muet.
Je n'ai pas de critique évidente pour ce que je viens de voir, je reste les bras béants, je ne sais quoi dire...
Je suis touchée et émue par cette paternité cherchant son enfant, se malmener lentement dans un paysage sans fin, des plans où l'on pourrait presque fermer les yeux, et imaginer des plaines sauvages balayées par le vent et la chaleur.
Je ne peux pas raconter la fin, car c'est elle qui m’a aveuglée.
Dans tous les cas, on découvre un nouveau Viggo Mortensen, magique et silencieux.


Anaïs Leclerc

samedi 16 mai 2015

DO DISTURB

DO DISTURB
Week-end non-stop, 60 événements : performances, concerts, projections…
Les 10, 11 et 12 avril 2015
Palais de Tokyo, Paris



Nous montons les escaliers pour rejoindre l'étage le plus haut du festival de performances
DO DISTURB et nous découvrons une grande tenture colorée, pailletée,
                              Luxuriante            Très LUX !!
D'un côté des grandes perches où sont suspendues de grandes feuilles de cannabis or et argent et beaucoup de bordel ! Des vêtements en pagaille, des paquets de chips éventrés, des taches d'une espèce de mélasse verte étalée par terre, des bouteilles de soda ... ça fait 2 heures que la performance a commencé.


Cet espace chaotique et corrosif est envahi de musique populaire actuelle, genre R'n B, techno, rock ..., dont le DJ chante les paroles de chacune par-dessus. Que les paroles soient en anglais en allemand ou en japonais.
Un champ de bataille, une chambre d'enfant, peut-être même un atelier d'artiste en pleine expérimentation ?
Une tribu indigène possède ce lieu et là : Elle vit ... se regarde, nous regarde ... danse ... prend des photos ... boit ... s'habille et se rhabille ....... se frôle, se touche par groupe de 2 ou 3 ... ils sont 7 et ils sont lents comme si il y avait le temps ... ??
Nous sommes les témoins d'une expérience, d'une goutte d'encre rouge jetée dans un grand vase d'eau ... c'est beau. Un rituel religieux inconnu se déroule dans un coin pendant que deux personnages dansent en parfaite synchronisation. L'un d'eux, toujours le même, sonne une cloche à un moment ou à un autre.


Tout se passe et se repasse sans que nous puissions tout suivre à la fois.
Fascinés par ces banalités excentriques peut-être même psychédéliques ... mais faites avec tant d’attention, de minutie. Sont-ils des machines, des programmes destinés à nous faire voir le monde dans lequel ils vivent ??
Au bout de 3h30 de performance le volume de la musique augmente et ils commencent à danser, danser comme ils le veulent, ils se prennent par la main, rigolent entre eux. Ils se célèbrent eux-mêmes, font monter la joie les uns des autres en faisant des cabrioles !
Et la fin arrive comme ça ... la musique s’arrête, les performeurs s’arrêtent de danser petit à petit et ils nous font un bref salut et se prennent dans les bras.

Vassily Mitrecey

KOONS MANIA


Jeff Koons, la rétrospéctive
Exposition au Centre Pompidou, Paris
26 novembre 2014 - 27 avril 2015 


C’est dans un état de curiosité que je pénètre dans la rétrospective. Mettant de côté mes à priori plutôt négatifs, je me laisse guider par ce trajet chronologique qui me permet de bien saisir ce qu’on n’explique que trop peu ; la réelle démarche de Koons. Sa recherche de l’objet d’art dans la culture de masse, son amour du jeu, de l’agrandissement qui donne un aspect inquiétant car trop lisse, trop brillant. Tout attrape l’œil, on se retrouve submergé par des statues devenues de véritables icônes, des vedettes. 

  
M’interrogeant depuis quelque temps sur l’aspect ludique et accessible de l’art contemporain, j’avais imaginé que les spectateurs, en visitant cette exposition, auraient été sensibles à l’humour clinquant de l’artiste sans autre forme de procès. Mais les réactions sont divisées en deux parties ; Il y a ceux qui passent devant le buste de louis XIV argenté en lâchant un « ça me touche pas !» déconcerté, ils sont quand même présents. Puis le reste, ceux qui cherchent absolument à marquer l’évènement, à avoir la photo devant chaque œuvre star. Les touristes repartiront avec leurs clichés de la tour Eiffel et du Balloon Dog. Je me suis dit que Koons avait réussi. En jouant sur la taille, ses œuvres deviennent des publicités ambulantes que les gens reconnaissent, s’approprient et partagent. Un concept bien rodé. Du visiteur lambda à l’acheteur/investisseur, l’image se perpétue. On se retrouve coincé dans un magasin de souvenir à la taille écrasante.

                                                                                                                     Opale Mirman


CHASSOL/ Big Sun + INUIT rencontre CHASSOL


CHASSOL/ Big Sun  + INUIT rencontre CHASSOL
Mercredi 25 mars 2015
Auditorium, Saint-Herblain


« Allo, ouais, un concert ? Ouais carrément, rdv dans 20 minutes chez toi ? OK !
Et c'est ainsi que nous voilà en chemin pour un concert dont j'ignore tout, excepté son prix, inexistant... Nous prenons le tram direction Saint-Herblain... Et nous découvrons un réel auditorium aussi chouette dehors que dedans...
Le groupe INUIT chargé de la première partie se compose de 3ensembles de percussions diverses, 3 claviers/pads, une voix à trois voix, un trombone.. pour un ensemble de six musiciens.
Et là... GROOOS LOURD, une prestation tantôt calme, envoutante et cosmique, tantôt pêchue et rythmée.
« Le prochain morceau s'appelle Circles » c'est alors que je décide de voir et reconnaître chaque cercle visible devant moi... la grosse caisse, son ouïe, les spots, les vis des caissons de retour, le trombone... tant de choses...
On nous annonce que CHASSOL va venir présenter un morceau composé avec INUIT pour l'occasion... il arrive, se poste derrière un clavier posé sur un ampli de la même envergure. Une grande projection s'affiche derrière les musiciens, la vidéo commence avec une jeune femme qui chante, nous avons le son... (seul son pour le moment), le plan se resserre sur elle jusqu'à revenir à son point initial, une boucle s'établit, Chassol reprend les sons et les joue au clavier, puis la chanteuse fait chœur avec sa projection... Tout d'un coup, Batterie, BAM, l'écran se retourne, le sol est au plafond, noir et blanc, on y jette des magazines qui glissent, créant un réel effet surréaliste rythmé... Belle rencontre donc entre Chassol et Inuit...
Petit interlude le temps de métamorphoser la scène, de tout retirer pour y laisser 2 claviers et une batterie amplifiée de partout... face à face, la projection derrière... rien de plus sinon deux musiciens hors-pair...deux artistes liant image, vidéo et musique live... pour plus d'une heure de spectacle. Le même principe de boucles séquencées s'applique cette fois à des images tournées en Martinique l'an dernier. Ça commence tout doucement avec des oiseaux qui chantent dans les arbres, puis le clavier leur répond... plus tard c'est à une partie de dominos que nous assistons, les dominos frappent la table, et marquent une rythmique forte, ensuite soutenue par la batterie... Il y à aussi ce passage filmé au cœur d'une parade avec des percussions, des costumes, des danseuses...Et le batteur colle parfaitement à l'image...
En bref il s'agissait très clairement d'un Excellent concert performatif liant image et son, avec ses phases expérimentales calmes, ses montées insoutenables, ses explosions de beat et ses refrains mélodiques qui restent en tête pour toute la soirée … MERCI CHASSOL !


Clément Richeux

Oracles du design


Oracles du design 

à la Gaité Lyrique 

à Paris jusqu’au 16 août.



« Le design peut être vu comme un oracle qui nous fait part de notre destin. Il est ultra léger pour mieux voyager, potelé pour nous protéger, bourgeois pour nous rassurer, intimiste pour nous cajoler. Il est méditatif pour nous apaiser, figuratif pour nous ravir, absurde pour nous interroger, brut pour nous attacher. Il est virtuel pour nous transporter. » Lidewij Edelkoort, commissaire de l'exposition.

Cette prévisionniste hollandaise des tendances a voulu retracer l’évolution des besoins et des désirs de la société au travers de son environnement, des objets de la vie quotidienne que nous utilisons. C’est avec une grande habilité qu’elle a tracé le parcours de l’exposition, et c’est en déambulant que son titre, Oracles du design prend tout son sens. Plusieurs pièces de mobilier de toute époque sont exposées selon 10 grands thèmes : simple, archaïque, organique, gonflé, mutant, minimal … Chacun formule un style de vie et une envie de s'exprimer. Tout un chacun se retrouve dans certaine pièce voir dans une catégorie entière.


Pour ma part, je suis nomade. Faites le test ! Et allez voir Oracles du design !


http://gaite-lyrique.net/iframes/oracles/

Camille Jouvet

Colloque l'irreprésentable


Colloque l'irreprésentable, tenu à l'esba 
organisé par le musée des beaux-arts de Nantes

Participants : Alain Fleisher, Jean-Jacques Lebel, Anne Tronche, Sandra Adam-Couralet  , Joseph Cohen, Raphaël Zagury-Orly, Daniel Dobbels, et un mystérieux greffier qui, selon mon humble avis, et celui de toute la salle, devrait écrire un bouquin.

Genre : Discussion avec artistes et philosophes autour de l'irreprésentable, parallèlement à l'exposition tenue à la Hab Galerie.

 « Il n'est point d'homme qui ne veuille être despote quand il bande »
                                                                Sade.

« La torture est de plus en plus souvent sexuelle, et c'est de pire en pire, avec les nouvelles technologies »

Jean-Jacques Lebel, dans une introduction monumentalement simple, en antifasciste convaincu, nous dresse un rapide tableau de la barbarie humaine moderne.
Jean-Jacques Lebel, rappelons-le, à l'origine de l'installation Hitler et Eva Braun, cinéastes.
Car parfois, dans l'irreprésentable, la plus puissante évocation de l'horreur se trouve dans le sourire des bourreaux.

Noirs de gris
et parés d'oriflammes
ils époussettent mollement
leurs jaquettes innommables
légèreté du tyran
invincible, et Goebbels
sur la scène, la tête entre
les cimes, ils rigolent
et puis le ciel est beau
constellé de nuages
les montagnes résultent
d'un autre moyen-âge
et son regard limpide
se serre dans un étau
l'amour est là, présent
et à force de mots
tous leurs corps d'Allemandes
sont l'innocence même
d'une jeunesse démente
et l'horreur sous-jacente
va leur dire, à tes gosses
qui ne comprennent pas
dans l'horizon subsiste,
la mémoire de tes pas.







Avec Alain Fleisher
L'image comme simple image
sans cesser d’être des images
semble s'enfoncer dans l'espace de la vision
dans les artifices de Sodome
l'échappatoire souverain du comique
les aberrations de la déraison
irrésistible appel au rire
trop vite, sans doute.
Emportement jusqu'au-boutiste
qui échappe
créer l'espace et le temps de réception
dans l'horreur inestimable
des mots usés
l'horreur du lexique
les quatre murs de son cachot
impossible regardeur
outil d'exploration de l'infini
pauvreté de l'insuffisance
présentés invisibles
TROP BLANC TROP LUMINEUX


S'ensuit la parenthèse philosophique

Branlette
Branlette
Branlette intellectuelle

Pardon à Joseph Cohen et Raphaël Zagury-Orly que je crois sincères,
et qui étaient gentils comme tout.
Mais j'ai pas tout compris.


Opérations magiques
de sorcellerie
Tout artiste est récidiviste
les spectres ne parlent pas
dans les ruines
on n'entend plus que des souffles
les spectres n'ont pas d'autre langage
que le souffle
la parole, c'est de l'air
qui passe par un corps
la pari phonatoire transforme
le souffle en parole
la revenance dans une temporalité
 réversible
Elle peut revenir du présent
la solution finale est impossible
impensée
dans un secret absolu
Cet impensable est resté.

Car ce qui est pensé, c'est la technique
comme la bombe H
L'impensable, en revanche
C'est le résultat de la technique.


« Le mot le plus fréquemment utilisé, et qui retombe à chaque fois dans ces derniers faits-divers horribles, c'est le mot Kalachnikov... Comme si c'était la Kalachnikov la responsable de toute la violence de ces derniers jours...On est en train de réduire le résultat à la technique même.» Alain Fleisher, à propos des attentats de Charlie Hebdo.


Daniel Dobbels, car la danse, c'est créer, résister aux captations de l'image pour que l'apparition des corps dansants soit assez parlante pour que l'on n’ait pas envie d'effacer tout de suite ce mouvement de la mémoire
Daniel Dobbels, car notre sensibilité a une vapeur, et que l'homme a enfin son atmosphère.

«La danse est un arc tendu entre deux corps »

J'ai cru voir
un cobra
un oiseau
une statue
j'ai cru voir
de la cire
 en mouvement
j'ai cru voir
un enfant
un fœtus
un vieillard
j'ai cru voir
une poupée
un pantin
disloqué
j'ai cru voir
une armée
macchabée
et des chairs
en mouvement
j'ai cru voir
un espace
hors du temps
de l'espace
en mouvement
j'ai cru voir
un mouvement
tremblement
et un corps
et un mort
j'ai cru voir
un vivant




Suite à une Danse par Carole Quettier, de la compagnie de l'entre-deux, sur le « Stabat Mater » de Vivaldi.

Merci, Carole, pour ce moment sublime.



Anne Tronche, c'est le syndrome de la beauté, cette recherche du beau dans la douleur, mais sans Baudelaire.

L'actionnisme viennois vous libère des pulsions interdites par la culture
L'actionnisme viennois est violent
L'actionnisme viennois cherche à vous convaincre de l’utilité de cette violence
L'actionnisme viennois est le blasphème
L'actionnisme viennois mêle équarrissage et rite judéo-chrétien
L'actionnisme viennois veut exorciser dans le sang une société fasciste
L'actionnisme viennois appartient à la catégorie du dérangeant
L'actionnisme viennois vous oblige à prendre parti
L'actionnisme viennois ne connaît pas d'entre-deux.

Anne Tronche, c'est cette esthétique qui enlève aux images toute leur subversion, leur provocation, et leur pouvoir d'évocation, qui les étouffe sous l'oreiller de la beauté puisque ce qui est beau se vend bien.
Anne Tronche, c'est la révolte contre une photographie contemporaine capable de puiser dans l'intolérable les restes de la beauté du monde.
Anne Tronche, c'est dénoncer la faculté digestive et transformatrice de notre société, qui rentabilise chaque centimètre carré du monde, qui extirpe des crédits de la tourbe
et qui prend dans l'innommable les miettes dilapidées de la dignité humaine pour finir par les sacrifier sur l'autel de la consommation.
Anne Tronche, c'est finir par dire « Il fut un temps ou l'intolérable des images formait l'effort de conscience et la légitimité de la révolte ».

Puis, le greffier annonce une conclusion judéo-chrétienne

Altéré par des convictions morales
interdictions et impuissances
prendre en charge un croisement
il souffre en lui même
ce que le monde contemporain
offre en horreur
l'image des dieux grecs
statues et images
impuissantes
à nous faire plier les genoux
représenter cet état de grâce
l'orthographe est flottante
mais elle produit des variantes
pointe de sublime
et copies falsifiées
dans un paradigme du silence
le visage de la sagesse
car le cinéma échoue
codifie la représentation
qu'une copie
et son acceptation valable
la mimesis à terme
ce qu'elle ne peut pas
œuvrer
Elle a le pouvoir de représenter la nature
qui est conscience artistique
elle nous apprend à voir
elle nous rend supportable à la vue
ce que dans la réalité
il nous est insupportable de voir
l'immensité dans la figure
le séduire dans l'esclavage
la longueur dans la brièveté
la gloire dans la confusion
la dualité humaine
évidemment de la représentation
c'est en l'homme qu'est le monde sensible
et intelligible
la voie de passage est en nous même
elle est l'équivalent du ciel étoilé
au-dessus de moi
la pensée, l'art et l'emprise sur le réel
s'éloigner pour mieux y revenir
si l'art s'absente du monde
c'est pour mieux y revenir
L'art contemporain ne peut
faire le deuil de sa radicalité
l'humanité du Christ
n'a rien d'exceptionnel
mais le fait qu'il puisse
être sujet à la torture
à la souffrance et à la mort
l'est.
La danse magnifiée
tient tous ces corps
qui n'est pas crucifixion
mon corps ne perçoit pas
mais il est construit par une perception
qui s'exprime à travers lui
Les harmonies émouvantes
sont une esquisse sommaire
une impossibilité de s'arrêter
à quelque consolation que ce soit
Quelque chose de plus
Mais l'irreprésentable
est seul
il est le défaut ou l'excès de représentation
entre sensible et intelligible
peut être y a t il dans ce tableau
la définition de ce qui est nôtre
des gestes qui la font naître
mais un vide est présent de toutes parts
la représentation appelle quelque chose
est le parangon de l'irreprésentable
celles-ci ne sont pas dans la nature
mais n'habitent pas un autre monde
que le nôtre


Celui que je pris pour le greffier s'est avéré être Jean Claude Conesa, l'organisateur même du colloque, et si j'avais su que les notes prises par ce personnage discret et effacé (c'est ainsi qu'il m'a paru) allaient servir à composer cette conclusion magistrale qui nous a tous ravis, tant dans sa longueur inattendue que dans son extrême richesse, je me serais abstenu de nommer « greffier » cet homme doué d'un remarquable talent pour la synthèse , et ce dans un mélange de puissance verbale et d'extrême modestie. Merci à lui.



ROY Martin